LA LETTRE DU 28 JANVIER

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Habile, le RN s’en sort en anticipant une dissolution

Entre gravité d’une absence de budget et opposition à son contenu, le RN s’en remet à une dissolution dans quelques mois. Quelle réponse peut construire la gauche ?

par Catherine Tricot

Imperceptiblement, le RN est en train d’affiner sa stratégie. Jordan Bardella, son président, vient de prendre la parole pour redire leur souhait de dissolution d’une l’Assemblée nationale. Hier soir, réagissant à l’intervention du premier ministre su LCI, le député et porte-parole du RN Laurent Jacobelli, a insisté : « Nous voulons un retour aux urnes et une majorité absolue à l’Assemblée nationale ». « Donc en août ou plutôt en septembre » a-t-il précisé. On comprend bien que le RN ne joindra pas ses voix à celles des députés qui, à gauche, voudront censurer le budget et donc le gouvernement. Laurent Jacobelli reprend à son compte l’argument martelé par Bayrou de la nécessité d’un budget… même si celui-ci ne lui convient pas.

C’était le cœur de l’intervention de François Bayrou sur LCI. En substance, il fait le budget qu’on peut dans les circonstances présentes, notamment de fragmentation politique et de délai. Mais le premier ministre se ferait fort de bâtir tout autrement le budget 2026, en « repartant de zéro » c’est à dire en le réélaborant à partir d’un diagnostic sur les missions de l’État et de la protection sociale. On croit ou non à ce discours, on peut aussi le redouter… en tout cas, François Bayrou s’achète du temps auprès de tous ceux qui, dans l’opposition, ne veulent pas que se perpétue l’absence de budget.

Pour des raisons différentes, on les retrouve à l’extrême droite et au Parti socialiste. L’extrême droite a besoin de construire son image de parti de gouvernement et d’ordre. Le PS veut renouer avec sa crédibilité qu’il croit abimer quand il se détache des solutions réclamées par les agences de notation et les institutions européennes. Il est sensible aux inquiétudes des élus ou des associations qui ont besoin de savoir quels projets lancer ou reporter. Et tous entendent rassurer un électorat inquiet. De fait, il ne peut y avoir de désinvolture au sujet du vote ou non du budget quand l’année a commencé.

Les opposants à ce budget ont de très solides arguments. C’est bien François Bayrou qui a bloqué les possibilités de recettes fiscales plus justes en déclarant repartir du volet « recettes » voté par le Sénat de droite toute. C’est tout à fait impensable de voter un budget qui supprime les derniers 5000 emplois aidés, 1 milliard pour la recherche et autant pour l’écologie, 1/3 du budget des sports, de la coopération et de la culture…

Donc quand on est de gauche on est devant un os : ce budget n’est pas votable, mais il faut un budget. Les députés du NFP doivent proposer une sortie qui tiennent compte des deux. Le RN a trouvé une parade sur la base d’un calendrier avec retour aux urnes. Quelle sera la proposition de la gauche ? On trouverait heureux que la confiance soit reconstruite entre les partenaires du NFP afin qu’ils élaborent une proposition politique solide et lisible, ensemble.

Catherine Tricot

INDIGNITÉ DU JOUR

Comparer le RN au PCF des années 1980

« Un jour, des ministres RN peuvent-ils siéger dans un gouvernement d’union ? Je rappelle que François Mitterrand l’a fait avec les communistes. » Cette question posée par le journaliste Darius Rochebin au Premier ministre François Bayrou sur LCI est scandaleuse : le jour où l’on commémore les 80 ans de la libération d’Auschwitz par l’Armée rouge, il crée un parallèle d’une rare indignité entre « les extrêmes » (sic), c’est-à-dire entre les héritiers des nazis et de ceux qui les ont combattus. Un confusionnisme sur lequel le chef du gouvernement n’a pas jugé bon de réagir…

P. P-V.

BULLE DU JOUR

Une chute de 600 milliards en bourse : la fin du monde ?

NVidia, une multinationale spécialisée dans les processeurs et les cartes graphiques, a perdu hier 600 Milliards de $ au Nasdaq ! Quel choc ! On lit que 600 Milliards se sont « évaporés » à la bourse des valeurs technologiques de New-York. On se calme, on respire. Ce qui a « chuté », c’est la valeur de l’action Nvidia, pas ses résultats ni ses ventes, ni sa trésorerie. Les milliards qui ont « disparu » étaient en fait apparus tout aussi miraculeusement dans les mois précédents. La valeur en bourse de Nvidia, après la chute, est encore deux fois supérieure à ce qu’elle était il y a un an et 5 fois supérieure à ce qu’elle était il y a 3 ans. Hier, une petite bulle financière a éclaté. Certains sont un peu moins riches qu’ils ne le pensaient hier matin. Quelques gogos ont peut-être la gueule de bois. Rien de plus. La frénésie financière et médiatique autour de l’IA est-elle finie ? Probablement pas.

P. M.

ON VOUS RECOMMANDE

Dans leur nouveau livre Les juges et l’assassin (Flammarion), les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme reviennent sur l’enquête de la Cour de justice de la République (CJR) sur la gestion de la pandémie de Covid-19. Un travail qui permet de réfléchir au (dys)fonctionnement de l’Etat, aveugle aux alertes de sa propre administration en amont et tentant de dissimuler ses erreurs – sur la gestion des masques notamment – dans un deuxième temps. Vous pouvez retrouver l’interview des auteurs sur France Inter.

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