LA LETTRE DU 20 DÉCEMBRE
Procès Pelicot : une justice exemplaire
par Pablo Pillaud-Vivien
Après trois mois et demi d’audience, le jugement est tombé : individualisé, il reconnaît coupables tous les accusés.
Au terme d’un procès historique dont le monde entier fut la caisse de résonance, Dominique Pelicot et ses 50 consorts ont été condamnés pour viols et agressions sexuelles sur Gisèle Pelicot. Le mari et orchestrateur de cet immonde système à violer sa femme a écopé de la peine maximale requise par le procureur, 20 ans de prison, quand, pour les autres participants, cela s’échelonne de 3 à 13 ans. En deçà des réquisitions du procureur comme l’ont relevé les féministes présentes en nombre devant le tribunal au moment du verdict.
Ce procès, la victime en avait refusé le huis clos pour que, au nom de toutes les femmes, « la honte change de camp ». Il a mis en lumière de façon aussi épouvantable que spectaculaire 51 monstres. Le collectif qu’ils ont formé de façon éphémère, dans la salle d’audience, a été une manifestation de plus de la violence de la domination des hommes sur les femmes. 8 ans après #metoo, le patriarcat n’est pas mort.
Quelle place pour la justice en tant qu’institution dans la lutte féministe ? Même si Gisèle Pelicot a dit respecté les décisions prises, des associations féministes ont dénoncé des peines jugées trop faibles. Ces recriminations s’entendent tant le proces a mis à nu des réalités abjectes. Mais il faut rappeler plusieurs choses : d’abord, les peines sont individualisées, c’est-à-dire que tous les accusés n’ont pas écopé de la même peine, toute maximale soit-elle, au nom précisément des spécificités des actes criminels qu’ils avaient commis mais aussi de leur personnalité et de leur parcours de vie. Cette individualisation de la peine est la base d’une justice juste. Elle n’est pas là pour faire des exemples.
Dans ce procès, la justice a réaffirmé une promesse qui est au fondement de notre droit et de notre République : ces hommes condamnés vont sortir de prison. Ils auront la possibilité de reconstruire leur vie. C’est le pari des juges : celui d’une société et d’individus qui évoluent. La puissance de Gisèle Pelicot a donné de la force au mouvement féministe. L’issue du procès nous rappelle qu’aujourd’hui comme demain, c’est tous ensemble que nous devons vivre.
Pablo Pillaud-Vivien
RUSE DU JOUR
Bayrou tente de fracturer la gauche
Dans sa mission impossible de former un gouvernement durable, le Premier ministre a ouvert une porte hier dans son interview sur France 2 : celle du retour du débat sur la retraite à points, sans obsession autour de l’âge pivot de 64 ans, dans la cadre d’une grande conférence sociale de 9 mois. Au-delà du caractère dilatoire du stratagème, il s’agit pour Bayrou de fragiliser l’unité de la gauche, en se rapprochant d’une proposition portée par la CFDT depuis des années. Cela sera-t-il suffisant pour faire basculer le PS ? La manœuvre est habile. Mais rappelons qu’en 2020, la réforme à points des retraites version Edouard Philippe, stoppée par le Covid, n’avait pas le soutien des socialistes. Depuis, dans la rue, l’unité de la gauche s’est construite sur une revendication de préservation des acquis. On peut penser que c’est un gage de solidité.
P.P.-V.
ON VOUS RECOMMANDE
Le rassemblement aux flambeaux, ce 20 décembre à 18h30 devant la mairie du 20ème arrondissement, en solidarité avec la Palestine, à l’initiative du Collectif National pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens. Car le cessez-le-feu entre Israël et le Liban n’arrête pas le massacre à Gaza.
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