LA LETTRE DU 11 FÉVRIER
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L’emblématique Elon Musk
Pourquoi donne-t-on autant de poids politique à l’homme le plus riche du monde, premier promoteur de l’extrême droite mondiale – et comment lui résister ?
Mais pourquoi Emmanuel Macron a-t-il invité Elon Musk pour le sommet de l’intelligence artificielle ? Certes, il a un rapport avec l’IA puisque, comme d’autres, il en est un des promoteurs. Mais il n’en est pas un acteur central. Ni Starlink, ni Tesla, ni X ne sont au cœur de l’IA. Sa présence n’aurait de valeur que symbolique, celle de la venue de l’homme le plus riche de la planète, l’oligarque qui s’est acheté un président américain.
La mue de l’entrepreneur transhumaniste en figure du néolibéralisme anti-étatique le plus débridé, aux positions néonazies les plus affirmées, alarme. Il devient l’incarnation de ce nouvel âge de l’extrême droite. Il est d’autant plus inquiétant que de nombreux acteurs institutionnels, américains, européens, français le placent au cœur de la scène politique. Pourquoi ? Il n’a aucun mandat officiel, même pas aux États-Unis où les nominations ne relèvent pas du fait du prince mais sont soumises à la validation du parlement.
Son interventionnisme brutal dans la politique européenne reproduit l’intrication du privé et du public installée aux États-Unis. Elle passe un seuil avec son internationalisation. Elle se traduit par un activisme militant au côté de l’Alternativ für Deutschland (AfD), parti d’extrême droite allemand, et par le financement de Reform UK, le parti pro-brexit britannique. Ni les valeurs de liberté ou de démocratie, ni l’intégrité des institutions ne sont pour Elon Musk une limite à son pouvoir, celui de l’hyper-richesse.
Il est douloureux de voir la France céder devant cette puissance oligarchique. Vraiment, à quel titre Elon Musk fût-il l’invité du président de la République ? Il n’aurait pas dû. Il y a plus de deux siècles, le peuple de France rompait avec la noblesse (une sorte d’oligarchie sacrée et de sang) : il faut reprendre ce combat pour l’égalité, contre le pouvoir de l’argent. Le boys club des plus riches – les Américains Musk, Bezos, Zuckerberg et aussi le Français Arnault, tous présents lors de l’intronisation de Trump – constitue une menace directe pour nos constructions démocratiques. Il faut se mettre en situation de lui faire face. Les syndicats s’y préparent. Les autres forces de gauche et démocratiques doivent s’y mettre sans tarder et à la bonne échelle, c’est-à-dire internationale.
Pablo Pillaud-Vivien
BAKCHICH DU JOUR
La France s’engonce dans la corruption
Corruption. C’est un mot que l’on emploie peu en France, mais qui monte. Peu fier de nos deux présidents et deux premiers ministres condamnés, le mal est bien plus profond, à en croire la publication de Transparency International : « La France dégringole dans l’Indice de Perception de la Corruption 2024 : une alerte démocratique inédite […] La France perd cinq places dans le classement mondial, tombant à la 25ème position ». Nos confrères de Mediapart ne cesse d’enquêter dessus. Nous-même ne cessons de documenter les dérives de la Macronie : en sept ans, l’entourage du président compte pas moins de 20 condamnations, 10 mises en examen et 14 enquêtes en cours. La particularité française en matière de corruption ? Ce n’est pas qu’il soit nécéssaire de graisser les pattes des fonctionnaires, elle est politique. En France, on n’aime pas les riches, mais leur argent est trop commode pour obtenir le Graal : le pouvoir. Et à ce jeu-là, l’ONG déplore « une absence de volonté, tous bords politiques confondus, de lutter contre les atteintes à la probité ». Cocorico !
L.L.C.
ON VOUS RECOMMANDE
Prenez trois minutes et pleurez. Écoutez ce court reportage de France Culture sur le traitement des habitants du Groenland par le royaume du Danemark. Vous y apprendrez que les Danois brulent les tambours pour empêcher les Inuits de correspondre avec leurs ancêtres. Qu’ils ont stérilisés des milliers d’enfants et jeunes femmes dans les années 60. Qu’ils faisaient passer jusqu’à ce mois de janvier des tests empreints d’esprit colonial aux femmes inuits pour vérifier leur capacité à être mère. Écoutez leurs voix. Et pleurez encore.
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