LA LETTRE DU 31 OCTOBRE
La gauche unie, la droite éparpillée, le RN contrarié
La gauche n’aura pas à se déchirer sur le vote de la loi d’abrogation de la réforme des retraites proposée par le Rassemblement national dans le cadre de sa niche, discutée ce jeudi.
Après que le texte a été détricoté en commission des affaires sociales par le Nouveau Front populaire, notamment en mettant l’accent sur les recettes afférentes, c’est la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet qui lui a mis le coup de grâce en convoquant l’article 40 pour refuser au groupe de Marine Le Pen qu’il remette les dispositions supprimées en commission pour le débat dans l’hémicycle. On n’assistera donc pas au vote en ordre dispersé des insoumis, des verts et du Parti communiste (le Parti socialiste avait pris la décision de ne pas le voter) qui tergiversaient dur en interne quant à leur position sur le texte : voter ou ne pas voter une proposition de loi du RN, telle était la question.
Là où la gauche n’a pas eu à montrer sa division, le « socle commun » risque quant à lui de se déliter une nouvelle fois sur deux autres propositions de la niche RN : un texte pour rétablir les peines-planchers et un autre pour tenter d’accélérer l’expulsion des étrangers délinquants. Le premier est une mouture à peine revisitée d’une mesure de Nicolas Sarkozy – qui a déjà fait la preuve de son inutilité, plusieurs études mettant en avant son « faible effet dissuasif ». La deuxième affiche une volonté de fermeté mais qui butte toujours sur la volonté des pays d’origine à octroyer des laisser-passer consulaires aux personnes expulsables. Si la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a affirmé sur Public Sénat ce matin que la position de l’exécutif était un rejet des deux textes, il est fort à parier que certains LR, voire quelques macronistes, le voteront. En matière de cohésion de la coalition au pouvoir, une fois encore, on repassera.
Pour autant, le RN continue de se positionner en faiseur de rois : pas revenchard, le parti a d’ores et déjà annoncé ne pas s’interdire de voter la proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites version NFP qui sera discutée dans la niche LFI le 28 novembre prochain. Parallèlement, l’extrême droite démontre aussi la perméabilité des droites sur les sujets dits régaliens comme l’immigration ou la justice. Mais rendons à César ce qui appartient à César : c’est la gauche qui tire son épingle du jeu dans la séquence budgétaire du moment à l’Assemblée nationale car ce sont ses amendements que l’on discute le plus, ce sont ses directions qui sont votées, c’est elle qui trouve des majorités, notamment en s’appuyant sur le MoDem, LIOT et même parfois quelques macronistes, c’est elle aussi qui fait montre de la plus forte opposition sur les mesures les plus antisociales portées par le gouvernement comme la hausse du ticket modérateur, l’attaque en règle contre les fonctionnaires sur leur soi-disant absentéisme ou le manque d’ambition écologique.
Point par point, la gauche bataille bien. Reste à savoir si le projet porté – mais surtout si le projet compris par les Français qui sous-tend ces combats – peut être aussi le plus désirable. Souvent dernièrement, si la gauche lutte vaillamment, elle finit par se faire damer le pion au niveau institutionnel (hier l’adoption de la réforme des retraites malgré la mobilisation populaire, demain l’adoption d’un budget de droite via 49.3 malgré l’énergie déployée par les députés NFP) et l’extrême droite d’en retirer, hélas, trois fois hélas, les bénéfices. On ne le redira jamais assez : ce qui se passe au Palais Bourbon est crucial mais ne peut constituer l’alpha et l’oméga de ce que la gauche a à proposer aux Français.
Pablo Pillaud-Vivien
DON’T LOOK UP DU JOUR
La dette écologique, priorité numéro 1 du gouvernement qu’il disait…
Alors que l’Espagne compte ses morts dans les intempéries qui ont touché la région de Valence, Michel Barnier vient de rendre public un Plan national d’adaptation au réchauffement climatique (PNACC) très attendu mais très faiblement ambitieux. Le premier ministre était très fier d’annoncer le renforcement du fonds de prévention des risques naturels qui porte son nom pour le porter à 300 millions d’euros. C’est-à-dire même pas de quoi couvrir les dégâts de la seule tempête Cioran qui a frappé l’Ouest de la France il y a un an tout pile. Pareil pour la réalisation d’une « cartographie assez précise des risques et des vulnérabilités » d’équipements clés : après avoir désinvesti Météo France, merci mais ça va pas faire la rue Michel. Ajoutez à cela que le budget proposé par l’exécutif prévoit une coupe de 1,5 milliard dans le Fonds vert pour la transition écologique et on se dit qu’on n’est pas loin de la fumisterie.
P.P.-V.
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Bonjour
Ça, c’est une bonne question.
Depuis 40 ans, une certaine gauche bataille dans la rue pour essayer de sauvegarder des choses. Peine perdue.
Depuis 40 ans une certaine gauche bataille au Parlement pour essayer de gagner des choses. Peine perdue.
En attendant, les français regardent passer les manifs en soupirant.
En attendant les français s’informent plus ou moins et ne voient pas grand choses et ne comprennent pas grand choses à ce que fait une certaine gauche au Parlement.
Le tout dans le tout, les choses se dégradent et empirent. La gauche perd régulièrement les élections législatives et présidentielles.
Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?
Je dis tout ça parce qu’un récent sondage dit que le sentiment majoritaire est : résignation et colère.
Moi qui ait 62 ans, j’ai été habitué, habillé, j’ai trempé dans un climat d’optimisme, de luttes, d’espoirs (années 70 et début 80). Et maintenant, la réaction, c’est : à quoi bon tout ça.
Que peut-on faire ? Comment renverser la vapeur ? Et, même, est-ce possible ?
Si quelqu’un a une réponse, je veux bien l’entendre. Sauf, si c’est pour me dire : faut pas se décourager. Ça fait pas avancer le schmilblick. Ça fera que m’énerver encore plus.