LA LETTRE DU 17 OCTOBRE
LFI va-t-elle se révolutionner ?
Le député David Guiraud vient de déclarer sa candidature à la mairie de Roubaix. Les insoumis à l’assaut des communes ? Ce serait un tournant inédit pour ce mouvement gazeux qui dédaigne les élections locales.
L’échelon électif local n’intéresse pas le mouvement de Jean-Luc Mélenchon : les insoumis sont quasi absents des exécutifs municipaux, départementaux et régionaux et il est même rare qu’ils arrivent à constituer un groupe. Un chiffre : seuls 27 élus LFI siègent dans les conseils régionaux, au milieu des 1700 élus régionaux. Cette faiblesse n’est pas le fruit d’échecs successifs mais d’une stratégie délibérée : tout pour les « vrais » enjeux, ceux de la conquête du pouvoir d’État et méfiance à l’égard de ces lieux toujours pensés comme dépendant des politiques nationales.
Exercer un pouvoir vous frotte à un réel complexe et divers ; il conduit à un réalisme qui peut aussi s’engluer dans un « pragmatisme » qui confine au renoncement. L’échelon local est aussi celui où se nouent des stratégies d’alliance. D’ailleurs, David Guiraud se place sous les auspices du NFP. Être maire crée une personnalité qui dépendra moins du noyau central, seul habilité à définir la ligne et à choisir les candidats. Rien de très inspirant pour un mouvement qui se définit toujours comme gazeux avec une clé de voûte, Jean-Luc Mélenchon, qui se méfie comme de la peste des baronnies et des concurrents.
Avec les prochaines élections municipales, va-t-on assister à un mini changement qui peut conduire à un bouleversement de La France insoumise ? L’aventure de David Guiraud est-elle une initiative solitaire ? Si elle ne l’était pas et que les insoumis s’organisaient pour participer à des majorités municipales, cela pourrait transformer considérablement le mouvement : les groupes locaux enfin solidifiés pourraient devenir des contrepoids à la direction et conforter les liens internes à la gauche.
En ce début de nouvelle mandature, toute l’énergie insoumise est focalisée sur la censure du gouvernement et sur la destitution du président de la République. Pourtant, les sujets de préoccupation des Français sont légion et souvent loin de ces approches par trop institutionnelles. Se confronter à l’exercice d’un pouvoir exécutif conduit à repenser la politique, ses tenants et aboutissants, à reprendre les raisons mêmes pour lesquelles on milite et on lutte. L’entrée de LFI dans les enjeux locaux enchaîne sur une autre question : cela va-t-il rebattre les rapports de forces internes à la gauche et renforcer le pôle insoumis ? Réponse en 2026.
Pablo Pillaud-Vivien
EMBARRAS DU JOUR
Un train peut cacher un facho
La SNCF est « embarrassée ». Elle a vendu près de 600 affichages sur ses panneaux publicitaires à Hachette, propriété de Vincent Bolloré et, oh surprise, il s’agit de faire la promotion du livre de Jordan Bardella. On imagine déjà l’équipe qui gère le dossier à la SNCF, les mains sur la bouche d’émoi. Comment donc est-ce possible ? Bolloré ferait de la réclame pour l’extrême droite et on n’a rien dit aux cheminots ? Et pourquoi pas une adaptation des livre de Zemmour sur Canal +, tant qu’on y est ? Non, vraiment, il y a de quoi être embarrassé. Surtout quand on se souvient que la SNCF s’était empressée d’interdire les affiches de l’humoriste Waly Dia, pour cause de « caractère politique incompatible ». Dire du mal de Macron, c’est une ligne rouge. Faire la promo de l’extrême droite, c’est juste embarrassant.
L.L.C.
ON VOUS RECOMMANDE
Le podcast « Avant l’État d’Israël, le sionisme et le peuplement de la Palestine », sur France Culture. Plutôt que d’assister béatement aux passes d’armes entre Macron et Netanyahou sur la création d’Israël par l’ONU en 1948, on se replonge en 1897, à Bâle, lors du premier congrès sioniste.
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