Une motion de censure pour quoi faire ?

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Ce mardi à partir de 16h30, une motion de censure sera débattue à l’Assemblée nationale. En la déposant, la gauche est dans son rôle. Mais ensuite ?

Chacun le sait : la motion de censure du jour, portée par les députés du Nouveau Front populaire, n’ira pas jusqu’au bout et n’aboutira pas à la chute du gouvernement. Tout simplement parce que le Rassemblement national refuse, à ce stade, d’y apporter ses voix. La première vertu de l’utilisation de cet outil parlementaire est donc de faire la monstration que la gauche est dans l’opposition quand l’extrême droite permet à l’actuel gouvernement de continuer à gouverner. Mais, comme dirait l’autre, ça ne fait pas la rue Michel.


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D’abord parce qu’il n’est pas certain que cela renforce le fait que la gauche apparaisse comme une alternative crédible aux yeux des Français. Rappelons que la gauche n’a réuni que 28% des suffrages en juillet dernier et que si cette assise lui a permis d’être la force en tête à l’Assemblée nationale, cela n’est pas suffisant pour porter ses ambitieuses propositions et son projet pour la France. Par ailleurs, malgré la similitude des discours de l’extrême droite et de certains ministres (notamment du ministre de l’intérieur Bruno Retailleau), le RN de Marine Le Pen fait toujours figure de première opposition pour la population, selon les études d’opinion.

Quand on veut faire tomber le gouvernement – ou le président de la République –, il faut être en capacité d’incarner une alternative solide et crédible.

Si la gauche a su se réunir à l’orée d’élections législatives anticipées face au danger de la prise du pouvoir par le RN, force est de constater que son unité est mise à mal depuis : en cause, des divergences stratégiques (par exemple sur l’opportunité de la destitution du président de la République qui ne sera pas débattue dans l’hémicycle du fait de l’abstention de Marine Le Pen en conférence des présidents). La gauche n’a pas commencé à travailler sur le fond, nonobstant le travail de certains de ses parlementaires. Quand on veut faire tomber le gouvernement – ou le président de la République –, il faut être en capacité d’incarner une alternative solide et crédible.

Les motifs du vote de cette motion de censure sont divers à gauche : quand c’est, pour les uns, la possibilité de marquer leur place dans une opposition franche au gouvernement, c’est, pour les autres, l’occasion de dénoncer le fonctionnement de nos institutions et d’en appeler au dégagisme. Le vote de cet après-midi est d’une logique implacable : elle répond à Michel Barnier qui a évidemment refusé de se soumettre à un vote de confiance qui l’aurait mis en minorité. Le véritable premier test sera l’examen du budget qui commence la semaine prochaine. Comment s’organisera l’opposition à gauche ? Sur des bases communes ou bien, comme ça a été le cas ces dernières années, en ordre dispersé ? Et quelle sera l’attitude de l’extrême droite ? Pas un blanc-seing pour sûr mais le RN est face à une difficulté : un vote pour l’inscrirait trop clairement de mèche avec l’exécutif, un vote contre pourrait faire tomber le gouvernement si motion de censure s’en suivait et une abstention pourrait être incomprise… Les jeux ne sont pas encore faits, rien ne va déjà plus.

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