NFP : moins d’esbroufe, plus de fond

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Faute d’être parvenu à fracturer la gauche et les écologistes, Emmanuel Macron a décidé de ne pas nommer un Premier ministre qui mette en œuvre le programme du NFP. Comment les partis vont-ils réagir ?

La proposition surprise de Jean-Luc Mélenchon – cet homme a de la ressource en ce domaine – de soutenir sans participer un gouvernement du NFP aura eu le mérite d’éclaircir le jeu. La promesse de voter une motion de censure en cas de ministres insoumis était bien le prétexte pour s’opposer à la politique proposée par la gauche. Il est clair également qu’il ne peut y avoir de gouvernement NFP sans une de ses principales composantes. Imagine-t-on plus fragile gouvernement – déjà minoritaire à l’Assemblée nationale – tenant par le soutien d’un groupe extérieur à lui-même ? La modération de Lucie Castets face à cette proposition témoigne d’un gros doute. Le NFP ne peut réussir qu’en s’élargissant – y compris à des forces sociales au-delà des partis – et non en soustrayant. On attend des initiatives lisibles sur ce terrain.

Emmanuel Macron annonce vouloir se passer de la gauche. Mais n’avance aucune solution. Toute honte bue, il renvoie aux partis la responsabilité de sortir de la situation. En attendant, rien ne change. Au prétexte de gestion des affaires courantes, la même politique se perpétue : la rentrée scolaire comme la préparation du budget, la gestion des hôpitaux comme celle des libertés publiques avancent sur les mêmes rails.

Devant cette situation impensable, La France insoumise brandit la menace de destitution du Président. Les partis formant le NFP en appellent à la mobilisation des citoyens. LFI avance même une date : le 7 septembre. Seront-ils suivis ? Il est attendu du NFP des propositions ayant une chance de débloquer la situation, et pour cela qu’elles soient en phase avec les attentes et le sentiment de tous.

Revenons-en au fond. Ou une nouvelle fois – après la triste séquence sans fin pour trouver un nom de Premier ministrable –, le NFP perdra tout le monde en chemin.

Même si le NFP ne dispose pas de majorité au Parlement et n’a rassemblé que le tiers des suffrages aux législatives, il a d’autres solides ressources. Les enjeux dont il se saisit sont à la racine de la crise actuelle. On ne les entend plus assez, ils sont comme noyés dans la mélasse des enjeux de la formation d’un gouvernement. L’entrée en scène des syndicats et des militants et des élus de terrain pourrait rappeler ces évidences. La France n’est pas principalement malade d’une Assemblée éclatée mais d’une politique qui n’est pas soutenue et qui défait ce qui nous tient ensemble : un travail rémunérateur et qui a du sens ; de services publics qui permettent de vivre en sécurité et en dignité ; un pays qui agit pour la paix ; une préparation de l’avenir avec des politiques environnementales, en faveur des transports décarbonés… Revenons-en au fond. Ou une nouvelle fois – après la triste séquence sans fin pour trouver un nom de Premier ministrable –, le NFP perdra tout le monde en chemin.

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3 commentaires

  1. Michel Rieu le 27 août 2024 à 16:38

    Indépendamment de leurs votes et du choix des candidats et partis, on peut penser que la majorité des Françaises et des Français sont d’accord avec les diagnostics sur lesquels s’appuie le programme du NFP.
    Je dis bien les diagnostics, pouvoir d’achat insuffisant, faiblesse des services publics, politiques autoritaires ne prenant pas en compte la réalité des problèmes, manque de considération pour chacun, arrogance des élites, mauvaise utilisation des forces de l’ordre, mépris des jeunes, inquiétudes d’avenir face au changement climatique, etc.
    Y compris de nombreuses personnes qui votent RN.
    C’est pourquoi, si les appels à mobilisation doivent dénoncer le coup de force de Macron, c’est en rappelant que ce qu’il veut, avant tout, c’est poursuivre sa politique au profit des privilégiés. et qu’il cherche une majorité pour ça.
    Quand le RN dit ne pas vouloir du programme du NFP, il faut montrer que ce qu’il refuse, c’est l’amélioration de la situation des plus pauvres, l’abrogation de la réforme des retraites, des initiatives en faveur de la démocratie comme le RIC… Que le RN n’est pas pour le « peuple », mais fondamentalement pour les riches.
    Au contraire de l’opinion, dans les partis représentés à l’Assemblée, la poursuite d’une politique d’économie libérale, au prix de l’autoritarisme si nécessaire, reste majoritaire.
    C’est pourquoi le NFP aura du mal à trouver des alliés sur son programme, sauf pour certaines mesures et en prenant l’opinion publique à témoin.

  2. Guillou Alain le 28 août 2024 à 18:09

    La seule  » clef » susceptible d’ouvrir une perspective viable pour les classes populaires, c’est toujours et encore dans le mouvement social qu’on la forgera.
    Ce qui est ahurissant pour celles-ci, et qui a handicapé ses initiatives, c’est le retard avec lequel  » la gauche » s’est mutée en  » NFP »… il était plus que temps,  » Messieurs » !

  3. Lucien Matron le 28 août 2024 à 19:52

    La droite ( extréme ou républicaine) , le centre ( macronistes et assimilés ) , et hélas la mouvance sociale- libérale de la gauche rejettent le programme du NFP parce qu’il s’agit du seul programme de rupture avec les politiques libérales et dévastatrices au niveau des services publics, des salaires et des droits sociaux. Or cette politique de rupture est nécessaire. Les finances publiques ont été dilapidées par les derniers gouvernements, la mise en œuvre de plus en plus débridée de politiques ultra-libérales de plus en plus autoritaires dans leur application, la sacro-sainte solidarité européenne sur des politiques dictées par la finance et les multinationales, l’abandon des vraies valeurs républicaines spécifiques à la France ont abouti à un déclassement de la France dans de nombreux domaines. C’est ce qui s’est exprimé depuis plusieurs années par les mobilisations sociales ou par le vote populaire. Il n’est pas acceptable que Macron temporise depuis 45 jours ( record battu) dans une situation de chaos qu’il a lui même créée. Il est temps pour les Françaises et les Français de comprendre la gravité de la situation, de ne pas se laisser instrumentaliser par les discours qui ne cherchent qu’à maintenir un système qui fait tant dégâts. Le NFP est un espoir, faisons le vivre et mobilisons nous pour le renforcer.

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