Parcoursup : chassez ces étudiants que je ne saurais voir
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C’est reparti pour un tour. L’un des moments les plus stressants pour les presque un million d’étudiants qui attendent leurs affectations de rentrée universitaire. C’est ce soir, dès 19h, que les premiers résultats vont tomber. Depuis la mise en place de Parcoursup, c’est le même rituel. Les étudiants ont dû effectuer des vœux jusqu’à 30 choix possibles, sans pouvoir indiquer de préférence. Ce système très controversé a remplacé le système dit APB pour Admission Post Bac, système d’affectation classique vers l’enseignement supérieur – et qui permettait de hiérarchiser les vœux formulés. On est donc passé d’un système d’affectation à un système de classement. Désormais, l’affectation des étudiants dépend moins du projet scolaire et universitaire que des places disponibles dans les formations.
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Une note très intéressante du collectif Nos Services Publics intitulé “Parcoursup : une génération en attente“ revient sur les biais introduits par le système Parcoursup. La note évoque un coût extravagant : le coût de la procédure de classement est estimé à 100 millions d’euros. Elle dresse le portrait d’un dispositif qui engendre des listes d’attentes interminables. Les rédacteurs de la note estiment que près de la moitié des élèves ne reçoivent pas de proposition le jour de la publication des résultats et découvrent leur classement sur une liste d’appel qui les place parfois derrière plusieurs milliers d’autres candidats. De quoi désespérer bien des étudiants. « Tant que les candidats les mieux classés n’ont pas décliné les vœux surnuméraires – souvent multiples – pour lesquels ils ont été retenus, les places afférentes ne peuvent être proposées aux candidats suivants sur la liste d’attente », peut-on lire dans la note.
Une note qui parle d’un surcroit de travail pour les personnels de l’Éducation nationale aux dépens de leur mission éducative : l’équivalent de 2000 enseignants à temps plein et 2,6 millions d’heures consacrées. Plus d’une vingtaine de personnels différents – enseignants, personnel administratifs, conseillers d’orientation, psychologues – interviennent d’une manière ou d’une autre sur la procédure. « Cet émiettement des responsabilités et le manque de communication entre les acteurs soulèvent des questions de cohérence globale du dispositif et sur la valeur des classements obtenus en bout de chaîne », analysent les auteurs de la note. Alors que Parcousup devait corriger les injustices, il les accroit en créant des barrières supplémentaires pour les lycéens les moins dotés culturellement, les moins renseignés sur l’offre de formation et surtout les moins disposés à faire des études supérieures.
Parcoursup est l’arbre malade qui cache la forêt. L’université est sous dotée : quatre fois moins financée que ne le sont les grandes écoles ou classes préparatoire. Les places manques. Et alors qu’on devrait se réjouir que les classes populaires aient pris place dans les universités, on les en chasse en les rendant responsable du désordre, voire de la baisse du niveau des étudiants. « Demain ce seront nos universités qui doivent être les piliers de l’excellence », avait assuré Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle. Ajoutant : « On ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants ». Nous voilà prévenu. Parcoursup n’était qu’une étape. Celle de la mise au ban des classes populaires.