Pourquoi Macron ne croit pas dans le dialogue social

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Le moins que l’on puisse dire, c’est que le dialogue social n’est pas sorti grandi du quinquennat qui vient de s’achever. Les organisations syndicales ont essuyé plusieurs revers. De la réforme de la SNCF et ses longues semaines de grèves éprouvantes pour les agents en passant par la réforme de l’assurance chômage, le gouvernement n’a rien cédé aux syndicats. Avant même que le Covid ne s’invite dans notre quotidien, les mobilisations des soignants n’ont pas non plus affecté la majorité présidentielle. Et les enseignants, engagés contre la réforme du Bac ou la mise en place de Parcoursup, ont fait face à un mur. Et aux « ordonnances » ! Droit dans ses bottes, Macron I, n’a eu que faire de la démocratie sociale. Alors Macron II peut-il renouer avec le dialogue social ?

 

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C’est une promesse. Ça n’est pas le « J’ai changé » de Sarkozy mais une nuance qui laisse entendre un changement de méthode. Macron l’assure, il a appris de ses erreurs et fera différemment. Depuis hier, il a chargé son nouveau ministre des comptes publics, Olivier Dussopt – de gauche, nous dit-on –, d’engager un premier tour de discussions. Après la CFDT hier, il reçoit aujourd’hui les patrons de la CGT, de FO et du Medef. L’objectif : « Évoquer les projets et les attentes » des uns et des autres et « nouer tout de suite une relation de travail et une relation de confiance », espère le ministre, de gauche nous dit-on mais… sous tutelle d’une autre figure gouvernementale, Bruno Le Maire. Gauchiste notoire, comme chacun sait.

Le gouvernement tâte le terrain. Les questions sociales du quinquennat, pouvoir d’achat, inflation, logement, chômage (dans un ministère qui se veut être celui du plein emploi), vont être particulièrement présentes et sensibles. Macron doit faire la démonstration d’une écoute attentive et, surtout, d’une possibilité réelle de négocier. Il doit « donner du grain à moudre », comme il dit. Première victoire microscopique – on prend ce qu’on peut –, le gouvernement l’assure, il n’ouvrira pas le dossier de la réforme des retraites avant la fin de l’été. Pas folle la guêpe, en juin les élections législatives vont être décisives si Macron veut obtenir une majorité confortable pour gouverner. Pas question, donc, d’agiter le chiffon rouge à deux semaines du scrutin. Mais c’est pourtant bien cette question, celle des retraites, qui sera dans les esprits de ces premières rencontres. Parce qu’on le sait, Macron veut aller vite.

Déjà, une semaine avant le second tour de l’élection présidentielle, il faisait les yeux doux à la gauche en expliquant qu’il pourrait aller jusqu’à convoquer un référendum sur les retraites. Mais dès le lendemain, invité d’une matinale, Bruno Le Maire brandissait la possibilité du 49.3 sur les retraites. Il ne faut pas se voiler la face. Les syndicats ne s’y trompent pas. Ils connaissent la méthode Macron. Macron ne changera pas. C’est un techno. Il a le souci de l’efficacité. Et pour lui, les syndicats ne sont pas efficaces. Le dialogue social est une perte de temps. Donc Macron ne renouera pas avec le dialogue social. Les syndicats doivent se préparer. Préparer les esprits. Les salariés. Tendre vers une convergence des organisations syndicales dès maintenant. Et c’est possible. La CGT et la CFDT sont d’accord sur un point : reporter l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans : c’est niet.

Alors rien ne se passe en juin à l’occasion des législatives, l’automne pourrait bien être très chaud…

 

Pierre Jacquemain

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