LA LETTRE DU 27 MAI
La gauche aussi veut en découdre avec le RN
Face à l’incapacité de la Macronie à contrer Le Pen, Ruffin veut croire que la gauche, elle, le peut.
Dans deux semaines on aura voté. Bien sur les élections européennes ne décident pas des équilibres institutionnels français. Mais par le fait politique qu’elles constituent, par la photo du rapport de force qu’elles révèlent, elle comptera pour la suite. Gabriel Attal face à Jordan Bardella n’est pas parvenu à enrayer la punition annoncée pour les macronistes.
Alors Emmanuel Macron, en sauveur, veut s’y coller. Il défi en duel Marine Le Pen. Évidemment, ce débat-là n’aura pas lieu. Le RN continue de monter à la faveur des images violentes qui nous parviennent jour après jour de Nouvelle Calédonie ou d’ailleurs. Il leur suffit d’attendre.
Les macronistes sont bien incapables de répondre à la colère et aux demandes de changement. Seule la gauche peut le faire. Les deux semaines qui nous séparent de l’élection doivent en être une occasion. Les arguments se cherchent pour contrer l’impression d’inexorable ascension de l’extrême droite. Ils ne forment pas encore une langue commune mais on voit que la gauche veut s’y mettre. Pas seulement la gauche politique mais aussi sociale (écoutez la prise de position de la présidente de la ligue des droits de l’homme dans #LaMidinale de Regards), syndicale (entendez Sophie Binet sur Mediapart).
Écoutez encore la conférence donnée par François Ruffin sur le plateau des Glières affirmer que « la colère fait des émeutes, seul l’espoir fait des révolutions ». Le fil rouge de cette intervention a été de convaincre qu’on peut battre Marine Le Pen en 2027. Ruffin a encore du mal à embarquer les foules quand il lance son slogan « Et à la fin c’est nous qu’on va gagner ». Dans l’assistance polie, rares sont ceux qui y croient. Lui en tout cas le veut. Et pour cela il livre ses propositions. Parmi les plus martelées : donner espoir, cesser d’être le parti de la litanie des catastrophes. Deuxième proposition : parler à tous, y compris aux électeurs du RN. Troisième idée développée : pas seulement vivre ensemble mais faire ensemble. Et enfin, ne pas revenir aux échecs du passé : assurer une rupture, « faire l’unité dans la clarté ».
Ruffin est un homme mobile intellectuellement. À la bonne heure. Comment ne pas s’interroger avec inquiétude ? Il ne renonce pas à son credo : rassembler autour de la question sociale. Mais il renonce à la valorisation de « la haine » au profit de la construction d’un espoir. Il tire parti de son désenclavement et affirme : « Je suis social et démocrate ».
Ruffin ne fait pas mystère de se préparer pour être le possible candidat de rassemblement de toute la gauche en 2027. Il n’est pas le seul. Mais pour être celui ou celle qui peut gagner, il faudra être la personne mieux capable d’embarquer les différentes forces politiques de gauche mais aussi et surtout les forces sociales, syndicales, les militants et les motivés. Ça, ce n’est pas encore à son agenda. Le peut-il ?
Catherine Tricot
BARBARIE DU JOUR
Netanyahou, le boucher de Rafah
Israël a rendu sa réponse au Droit international. La Cour internationale de justice avait ordonné, le 24 mai, au gouvernement d’extrême droite israélien de stopper « immédiatement » son offensive militaire sur Rafah. Le 26 mai, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a assuré être « fermement opposé » à la fin de la guerre. Et pour le faire savoir au monde, il a choisi l’horreur. Ce 27 mai, un centre de réfugiés a été bombardé par l’armée israélienne, délibérément. Des dizaines de morts. Des brûlés vifs. Des enfants mutilés. Preuve que ni le droit, ni la barbarie, ne stoppera la folie meurtrière d’un gouvernement contre un peuple.
L.L.C.
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- « Furiosa: une saga Mad Max », actuellement au cinéma. Pour la beauté et la noirceur de l’apocalypse. Mais pas sûr que ce soit Ruffin-compatible !
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