Sébastien Vincini, porte-parole d’Anne Hidalgo : « La gauche n’est pas que radicale »

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Alors que la candidate du Parti socialiste est créditée de moins de 3% dans les sondages, on fait le point sur la campagne dans la Midinale avec Sebastien Vincini, maire de Cintegabelle en Haute-Garonne, porte-parole d’Anne Hidalgo.

UNE MIDINALE À VOIR…

 

ET À LIRE…

Sur un premier bilan de la campagne d’Anne Hidalgo à quelques jours du premier tour
« Il faut être lucide sur les dynamiques sondagières : en toute hypothèse, nous n’allons pas nous qualifier pour le second tour de la présidentielle. Pour autant, Anne Hidalgo a porté une vision de la France apaisée et sereine et la défense d’un modèle social républicain laïc d’une gauche qui a porté les grandes avancées sociales et sociétales du siècle précédent et de ce début de millénaire. »
« Malheureusement, notre discours n’a pas été audible : on n’a pas su aller trouver notre électorat comme on l’avait fait aux précédentes élections régionales et territoriales. »
« Nous n’avons pas su rassembler la gauche et aller conquérir les coeurs. »

Etre socialiste aujourd’hui
« Le Parti socialiste, c’est un appareil mais être socialiste, ça dépasse cet appareil. C’est une vision des luttes contre les intolérances et les injustices. Léon Blum décrivait ça sous une forme d’altruisme : il parlait de socialisme du coeur. »
« Le socialisme, c’est une communauté de femmes et d’hommes qui s’engagent en portant des valeurs pour améliorer des gens. »
« Socialiste, on l’est sans appartenir forcément au Parti socialiste : on l’est quand on est engagé dans l’éducation populaire, quand on est engagé dans une ONG et qu’on mène des combats contre des injustices, contre les violences faites aux femmes, contre le changement climatique. »
« Le socialisme méritera d’être redéfini parce que beaucoup nous reprochent d’utiliser des mots-valises qui ont perdu leur sens. »
« On nous reconnait dans l’action locale de ce que l’on fait pour défendre des services publics, pour conquérir de nouveaux droits localement, pour protéger les gens contre une mondialisation qui n’est pas heureuse pour tout le monde. »
« Pas seulement dans les périurbains, le rural ou dans les quartiers, il y a une réalité de gens qui sont à côté de la mondialisation heureuse décrite par Macron. »
« Des socialistes, il y a en aura demain, quelque soit le résultat à la présidentielle. »

Sur le bilan de François Hollande
« Cette question [du bilan de François Hollande] nous est fréquemment renvoyée sur les marchés, par notre électorat alors que ce n’était pas le cas lors des dernières élections municipales ou régionales. »
« On a dressé le bilan du quinquennat de François Hollande avec des paroles fortes à tel point que certains des nôtres nous critiquaient d’avoir eu un regard que l’on estimait juste sur le mandat de Hollande. »
« La gauche que l’on veut incarner demain, ce n’est pas celle d’un néolibéralisme et encore moins de social-libéralisme. La gauche que l’on veut incarner, c’est celle qui épouse à la fois la dimension sociale dans un monde de plus en plus injuste et le défi climatique. »
« Il faut retrouver une composition de la gauche qui permettent l’alternance. »

Sur le rassemblement à gauche
« Aujourd’hui, ceux qui ont quitté le Parti socialiste pour rejoindre Emmanuel Macron se fourvoient par rapport à leur idéal de justice : il n’y a rien dans ce que Macron incarne ou dans sa vision de la société qui relève de la justice sociale, de l’égalité et encore moins de la fraternité. C’est le monde de l’arrogance, des puissants, des tenants de la mondialisation heureuse et une conception de la solidarité qui s’apparente à la charité et à l’aumône. »
« Le problème, ce n’est pas uniquement le bilan de François Hollande mais à la manière dont nous avons rompu avec une filiation et une tradition du Parti socialiste alors dominant avec toujours en son sein, des leaders qui avaient une volonté du rassemblement du peuple de la gauche. »
« [Dans le passé], dès la première nomination du gouvernement, il y avait déjà un rassemblement. En notre propre sein, le parti était beaucoup plus élargi : il ne faut pas oublier que le Parti socialiste allait de Jean-Luc Mélenchon à Dominique Strauss-Kahn. »
« Il y avait de la diversité vivace au sein du Parti socialiste et pour autant, il y avait aussi le rassemblement. »
« On n’a jamais nommé un premier gouvernement sans avoir le Parti communiste, des radicaux de gauche, des sociétés civiles issues de la gauche intellectuelle et associative. Dans le premier gouvernement sous François Hollande, il n’y a déjà pas le rassemblement de la gauche. »
« C’était la tradition de François Mitterrand et de Lionel Jospin de rassembler le camp du progrès social dans sa diversité qui permet de bâtir des compromis, des projets gouvernementaux qui permet de répondre à des aspirations beaucoup plus larges. »
« Je n’ai jamais confondu ma gauche et ma droite. »
« Je fais le constat de ce qui nous a mené à l’échec : ce n’est pas une mesure ou une loi entre 2012 et 2017 mais c’est un problème de vision de comment on épouse un camp qui est large et qui n’est pas que celui du Parti socialiste. »
« Depuis 2018, nous avons tenté à la fois le dépassement et le rassemblement avec les européennes notamment (…) mais aussi dans les élections municipales avec des succès comme Paris en Commun qui est un rassemblement bien plus large que le Parti socialiste (…). C’est ça que nous n’avons pas réussi à l’incarner mais toute la gauche n’a pas réussi à l’incarner et à dépasser son propre socle. »
« La gauche est dans un climat délétère de bataille d’égos dès le départ : quand il y a des propositions de la part d’Anne Hidalgo de débattre à gauche, c’est refusé. »
« Le sujet, c’est de savoir si l’on peut partager une vision commune, savoir quelles étaient nos nuances et nos divergences mais surtout savoir si l’on peut gouverner ensemble. C’est ça le sujet d’une présidentielle : une fois que l’on a élu un président, il faut une majorité derrière. »
« Si je fais abstraction de l’Union populaire et que je me concentre sur les socialistes et les écologistes, on démarre les élections présidentielles à 18% fin septembre – début octobre 2021. Aujourd’hui, on n’est même pas à 8 ! »

Sur Jean-Luc Mélenchon
« Jean-Luc Mélenchon aurait pu incarner un rassemblement de la gauche. En 2017, avec le score qu’il fait, il aurait pu avoir une posture mitterrandienne de rassemblement mais il n’a même plus utilisé la terminologie “rassemblement de la gauche”, ça a été le peuple contre l’élite, il a construit une autre rhétorique tournée exclusivement sur sa personne. Et malheureusement, ça le conduit à être plafonné… »
« [Le vote utile à gauche] aurait eu tout son sens s’il avait été dans une démarche de construction. »
« La gauche dans sa pluralité a souvent eu plusieurs candidats à l’élection présidentielle mais il n’y avait pas de doute sur un projet gouvernemental et de rassemblement pour la suite. Electoralement, il y avait une force propulsive et, à un moment donné, les uns appelaient à voter pour les autres et une mécanique législative se mettait en branle. »
« Il ne peut pas y avoir de désistement avec un vote utile à gauche parce qu’il n’est pas porté comme cela [par Jean-Luc Mélenchon]. »
« On voit bien qu’il y a un changement de posture de Jean-Luc Mélenchon mais il est bien trop tardif : on a passé notre temps à se combattre, à se rejeter la responsabilité de la division et à ne pas voir que l’on est tous en train de cheminer pour les mêmes causes. »
« La question du pouvoir d’achat est centrale dans le projet de Jean-Luc Mélenchon mais elle est aussi centrale dans ce qu’apporte Anne Hidalgo. Pareil pour la question de la transition énergétique. Mais les convergences ne sont pas bâties. Donc on ne peut pas demander à des gens qui ont passé tout ce temps à se confronter de construire un bout de chemin. »
« Sur la radicalité, certains électeurs sont un peu perdus : la gauche n’est pas que radicale. Il y a tout un spectre de gauche. »
« Une partie du vote utile à gauche, en dehors des félonies et des traîtrises, va voter Macron par peur du Front National. »
« Dans son premier et seul meeting, Macron est arrivé avec l’arrogance d’avoir tout fait… Mais dans quel monde vit-il ? C’est très dangereux. »

Sur la suite à gauche et au Parti socialiste après les élections présidentielle et législatives
« Je ne suis pas sûr qu’un congrès soit de nature à redonner confiance au peuple de gauche et aux classes populaires. »
« Dans une société moderne, sommes-nous condamnés à choisir entre la radicalité de l’extrême droite et le libéralisme qui nous explique que ça va ruisseler. Il faut que le camp du progrès s’interroge. »
« Les femmes et les hommes de gauche sont prisonniers de leurs propres appareils. Je vais consacrer mon énergie à dépasser tout cela. »

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