Clémentine Autain : « Nous sommes les meilleurs défenseurs de la République »
Accusée comme beaucoup à gauche de complaisance avec l’islamisme, classée parmi les ennemis de la République, elle est souvent la cible de Manuel Valls à qui elle dédie son nouveau livre : Les Faussaires de la République (Seuil). La députée LFI Clémentine Autain revient sur les coulisses d’une manipulation qui permet à ses détracteurs d’échapper à leur bilan dans la lutte antiterroriste. Elle est l’invitée de #LaMidinale.
UNE MIDINALE À VOIR…
…ET À LIRE
Sur la gauche suspectée d’être ennemie de la République
« Ce livre parle d’un hold-up fait sur l’idée de République. »
« On nous fait le procès permanent en islamo-gauchisme, ce qui ne veut rien dire si ce n’est de nous calomnier, à insulter pour éviter la confrontation sur le fond. »
« Il y a un renversement de situation : nous, les héritiers et les héritières les plus directs de ceux qui ont fondé la République en 1789 et tout au long du 19è siècle avec ses moments révolutionnaires, nous serions les suspects alors que c’est l’extrême droite qui est banalisée et qui représente la principale la menace avec le terrorisme. »
Sur les deux gauches irréconciliables
« Il y a une partie de la gauche qui a voulu éviter le bilan de tout le quinquennat de François Hollande. »
« On déplace le débat en figeant deux camps artificiellement construits : les républicains autoproclamés sans qu’ils y mettent un véritable contenu ou qu’ils résument à la laïcité à une conception très éloignée à celle de 1905. Et tous ceux qui contestent le bilan de Manuel Valls et de François Hollande sont mis dans un camp qui seraient des antirépublicains, des ennemis de la République, pour éviter le bilan. »
« Il y a une forme de manipulation idéologique qui s’est produite depuis des années. »
« On est les meilleurs défenseurs de la République. »
« Hollande et Valls ont fait reculer la promesse républicaine. »
Sur la dénonciation de complaisance avec l’islamisme
« Les musulmans sont devenus les boucs émissaires au nom du combat contre le terrorisme islamiste. »
« Nous avons continué à dire que l’amalgame entre terrorisme islamiste et musulmans était insupportable. Nous avons été fidèles au combat contre le racisme qui nous anime et qui est l’une de notre raison d’être. »
« En polarisant ces conflits sur le voile, etc. on a oublié ce qui était le cœur de ce qu’on défendait ensemble pour une République digne de ce nom. »
« La bataille politique n’est pas terminée et on est en train de la mener. »
« L’attitude que nous avons eu, y compris en allant dans la marche contre l’islamophobie, participe de cette idée de ne pas reculer, d’être à l’offensive et de tenir le fil émancipateur qui est le seul à même, dans la société, de faire reculer l’obscurantisme et le néofascisme. »
« Il faut déplacer le curseur du débat public pour l’emmener sur cette promesse qui n’est pas tenue : une liberté qui est dévoyée dans le libéralisme économique, une égalité qui est en marche arrière et une fraternité qui s’est noyée dans la mer Méditerranée. »
« Nous sommes les tenants d’une République qui se remet debout et notamment avec notre projet de VIè République. »
Sur la République sociale
« Pendant qu’on s’écharpe sur le foulard on ne voit pas l’immensité du carnage social qui fait qu’on n’est pas dans une République qui inclut mais dans une République qui exclut. »
Sur Mélenchon et l’accès au second tour
« Il peut se qualifier au second tour. »
« On a une dynamique qui est enclenchée. »
« Il y a énormément de ferveur et de dynamique. »
« Si Mélenchon est au second tour, ça change ce qu’est la France aujourd’hui et ça change le rapport de forces. »
« Si on n’arrache pas la victoire, on aura gagné quelque chose de très important : celui de battre l’extrême droite. »
« Si Mélenchon parvient au second tour, on pourra parler de la retraite, des services publics, du SMIC, de la transition écologique et non plus de leur obsession identitaire. »
« Il nous faut convaincre ceux qui sont désespérés de la gauche et de la politique plus généralement. »
« Nous devons donner une fonction au vote qui peut être une fonction mobilisatrice dans la dernière ligne droite pour de nombreux électeurs et électrices. »
« Avec Mélenchon, la gauche revient sur le devant de la scène et ça peut réveiller beaucoup de gens qui sont déçus ou déboussolés. »
Sur les législatives
« J’espère bien que nous n’allons pas disparaître de l’Assemblée nationale. Je ne suis pas aussi pessimiste que Gérard Filoche mais il faut faire très attention et nous avons besoin de sceller un certain nombre d’accords. »
« Je regrette que le socialistes aient à ce point tapé Mélenchon de manière si violente que ça rend les accords compliqués pour la suite. »
« La façon dont les socialistes mènent cette campagne met des murs entre nous là où il faudrait des passerelles. »
« Il serait logique qu’on ait des alliances avec les communistes mais aussi les écologistes pour avoir un maximum de députés de gauche dans la prochaine législature. »