En juin prochain, ça fera deux ans que la nouvelle équipe municipale de gauche s’est installée à Marseille. Qu’est-ce qui a changé ? Sophie Camard, maire du 1er secteur de Marseille, est l’invitée de #LaMidinale.
UNE MIDINALE À VOIR…
ET À LIRE…
Sur le changement à Marseille
« Les Marseillais commencent à percevoir le changement. »
« Les villes voisines de Marseille sont plus riches que Marseille et ne veulent pas payer pour Marseille. »
« Il y a une prise de conscience de la part des Marseillais de la nécessité de transformer la ville. Les attentes sont énormes. »
« Aujourd’hui, on est encore dans des phases de concertation avec les habitants. Dans mon secteur, on a mis en place ce qu’on a appelé une contribution citoyenne avec les habitants et les « habitués ».»
« On n’a pas trahi notre programme pour lequel on a été élus. »
« Les gens nous soutiennent et nous poussent à aller plus loin. »
« Les Marseillais sont conscients de la situation qu’on a trouvé avant notre arrivée. »
Sur le plan de l’Etat pour Marseille
« L’ANRU va nous aider à réhabiliter quelques dizaines de quartiers. »
« Nous allons remettre du logement social dans le centre ville là où il y a du logement indigne. »
« Nous allons aussi accompagner les propriétaires privés, ceux qui ne peuvent pas réhabiliter leurs immeubles. »
« On a eu une crise humanitaire énorme avec 5000 habitants délogés. »
« On tient à garder la mixité sociale dans Marseille. »
« Le 1er secteur est un peu la vitrine de Marseille. »
« Il n’y a pas de critère de revenus sur la honte que l’on peut ressentir d’avoir une ville dans une tel état. »
« Les Marseillais ne supportaient plus d’avoir une ville dans un mauvais état, riches comme pauvres. »
Sur le maintien du Marseille populaire
« Il faut reprendre de manière très volontariste la construction de logements sociaux. »
« 80% des Marseillais peuvent prétendre à un logement social. »
« On est allé chercher les financements de l’ANRU. »
« On a découvert – même si on le savait – les chiffres des locations saisonnières. On va être confronté aux mêmes problèmes : comment réguler Airbnb et ses 10.000 locations saisonnières, alors qu’il y a 40000 demandes de logements à Marseille ? »
« On avait demandé l’encadrement des loyers mais comme c’est une compétence de la métropole, à droite, nous ne l’avons pas eu. »
« Nous avons besoin de mesures d’ensemble, à l’échelle du pays pour répondre à la hausse des prix en général. »
« La ville ne peut pas, seule, faire face à la spéculation. Le national doit nous aider à mieux réguler cette situation. »
« La volonté politique compte. »
Sur l’effectivité des plans
« Aller chercher de l’argent était le premier préalable. Maintenant, nous devons nous assurer que l’argent de l’Etat arrive bien sur le terrain. »
« Si on n’arrive pas à lancer tout ce que l’on a promis, je ne pourrai pas me regarder dans la glace. Donc c’est hors de question qu’on n’y arrive pas. »
« On est condamné au résultat. On est obligé d’être pragmatique et opérationnel. On travaille beaucoup. »
« Je veux être une élue jugée sur le nombre d’échafaudages dans les rues de Marseille. »
« On n’a pas été élus pour faire un plan de communication. »
Sur la majorité de gauche à Marseille
« On a tellement de travail qu’on n’a pas le temps de se disputer. »
« Ce qu’on à faire à Marseille sont des gros fondamentaux de gauche : l’école publique, les inégalités de territoires, le logement social, l’écologie, les transports collectifs. Il n’y a pas matière à se disputer là-dessus. »
« Il y a une forme d’intérêt général à Marseille qui nous a obligé à surmonter nos désaccords. »
« Si j’avais pas gagné l’élection, je serais partie de cette ville. J’en pouvais plus de cette ville. »
« Il y a 90 des nouveaux élus de Marseille dont c’est la première expérience politique. »
« À Marseille, on est arrivé sur un champ de ruines. La gauche avait été balayée. »
« Ce qui fédère, c’est Marseille. Les gens comprennent ce qu’on fait – y compris quand le maire de Marseille s’affiche avec Emmanuel Macron pour aller chercher de l’argent pour les Marseillais. »
Sur Jean-Luc Mélenchon
« Mélenchon avait tout un espace qui lui appartenait parce qu’il incarnait une alternative. »
« Mélenchon n’a pas souhaité s’engager sur le local marseillais et j’ai acté mes désaccords avec lui. »
« Les personnalités du printemps marseillais se sont un peu toutes rebellées contre nos chefs. Ça plaît aux gens. Michèle Rubirola n’avait pas soutenu l’investiture EELV. Benoît Payan ne soutient pas Anne Hidalgo et il n’était pas en odeur de sainteté au PS. Moi je me suis disputée avec Jean-Luc Mélenchon. Les gens aimaient bien ce récit. »
Sur son soutien à Fabien Roussel
« A titre personnel, je suis une vraie pastèque : j’ai toujours été rouge chez les verts, verte chez les rouges. »
« Je travaille pour l’écologie avec les classes populaires et le monde du travail. Je ne veux pas qu’on aboutisse à une écologique coupée du peuple. »
« Aux élections régionales de 2015, j’étais tête de liste d’une union EELV – Front de Gauche : la dialectique sur la transition énergétique, sur l’industrie ou l’économie verte, je pratique ! »
« Avec Fabien Roussel, je reviens à mes anciennes amours et ce, d’autant plus que je travaille avec les communistes au quotidien. Marseille a toute une histoire et un héritage communistes. »
« Je pense que Fabien Roussel participe à pouvoir faire voter une certaine partie de l’électorat qui, aujourd’hui, peut-être, ne voterait pas. »
« Il faut prendre du recul par rapport aux bulles militantes : vous connaissez tous des électeurs de gauche… bah ils n’ont pas la pêche : 25% au total, des candidatures divisées, beaucoup des électeurs qui disent qu’ils vont se décider à la dernière minute, un appel au vote utile pour être au second tour mais sans être sûr de gagner. »
Sur Jean-Luc Mélenchon
« En 2017, j’étais heureuse que Jean-Luc Mélenchon ait réussi la fusion de toutes ces sensibilités : l’Avenir en commun, c’est remarquable en termes programmatiques. Le problème, c’est que Jean-Luc Mélenchon a une stratégie nationale et il ne s’adapte pas aux villes dans lesquelles il vient, c’est les villes qui doivent s’adapter à lui. A Marseille, je ne pouvais pas suivre sa stratégie rouleau-compresseur vis-à-vis des autres forces politiques, surtout que la France insoumise à Marseille est passée de 25% à la présidentielle en 2017, à 8% aux européennes en 2019. »
« Apparemment, Jean-Luc Mélenchon ne devrait pas être candidat [à sa réélection] – c’est ce qu’il a toujours dit. »
« Tout le monde attend les scores à la présidentielle pour entamer les négociations de dernière minute pour se répartir les circonscriptions. Et comme les législatives, c’est la déclinaison de la présidentielle, j’espère que l’on ne sera pas suffisamment débile pour perdre l’une des circonscriptions les plus à gauche de France. »
« Au niveau du Printemps marseillais, on essaiera de faire toutes les médiations possibles mais on est dépendant des négociations nationales qui vont nous tomber dessus. »
« Il faut une dynamique politique et arrêter de s’occuper de ses concurrents. Nous, au Printemps marseillais, on avait EELV qui avait fait une liste à part et ça ne nous a pas empêcher de gagner. »
« Je veux dire à la France insoumise : que le meilleur gagne. »
« Il faut permettre des expressions pluralistes de la gauche pour pouvoir avancer après. »
« Le discours du parti unique rouleau compresseur, ça ne permet pas d’avancer. »
« Je ne me reconnais pas trop dans la politique nationale et je ne me présenterai pas aux législatives parce que j’ai l’impression que mon mandat local est plus utile : quand on est maire, on ne peut pas mentir aux gens. »
« Etre élue à l’Assemblée nationale, ça ne m’intéresse pas : faire le pitre dans des vidéos pour faire des likes, ça ne m’intéresse pas. J’aimerais bien qu’on passe à autre chose. »