« Il faut boycotter la présidentielle pour disqualifier cette supercherie de système électoral »
Que doit-on attendre de la prochaine élection présidentielle ? Rien selon notre invité, le cinéaste et romancier Gerard Mordillat.
UNE MIDINALE À VOIR…
ET À LIRE…
Sur son appel au boycott de l’élection présidentielle
« Le boycott de l’élection présidentielle permettrait de disqualifier à tout jamais le système électoral actuel qui est une supercherie. »
« Les forces financières et leurs supports médiatiques ont déjà choisi qui sera le lauréat au bout du compte. »
« Il faut rompre avec l’illusion démocratique. »
« Dans les dernières élections, il y a eu plus de 60% d’abstention : il faut lui donner un sens politique. »
« Il faut transformer l’abstention en boycott, c’est-à-dire une prise de position publique contre ce que l’on nous propose. »
« Si un président est élu avec une participation extrêmement faible, sa présidence pourra être remise en cause. »
« En revanche, les élections législatives sont gagnables : il faut tout investir dessus. »
« Le modèle, c’est l’élection de François Ruffin à Amiens en 2017 : il a réussi à réunir toutes les forces de gauche, y compris le NPA, dans une circonscription où le Front National faisait 35% et la droite soit-disant républicaine 20%. »
« Oublions la présidentielle : tout le pouvoir aux législatives. »
« Si la gauche l’emportait aux législatives, ce serait le moment où jamais de s’établir en constituante pour refonder la République sur des bases vraiment démocratiques. »
« Ceux qui sont aux affaires sur le plan économique, politique ou social, ne rendront pas les clefs simplement par conscience morale : il faudra les leur prendre. »
Sur la situation de la gauche
« La gauche me désespère parce que l’on a vu comment François Hollande avait réussi l’exploit d’éradiquer le Parti socialiste – ce qui n’était pas gagné d’avance – mais les autres, que ce soit Jean-Luc Mélenchon ou Fabien Roussel, s’intoxiquent en pensant qu’ils vont y arriver. C’est une erreur totale. La seule chance, c’était l’union. Mais est entré en scène le bal des égos qui fait que tout le monde est d’accord que si c’est derrière untel ou unetelle. »
« Il faudrait relire Lénine : il s’est associé avec des gens qui avaient moins d’affinités que ce de la gauche d’aujourd’hui. Mais Lénine avait la perspective de prendre le pouvoir. Aujourd’hui, ce qui me désespère avec la gauche, c’est qu’elle semble avoir intégré que la seule perspective pour elle, c’était la défaite. »
« Si on veut vraiment prendre le pouvoir, il faut renoncer à être un homme ou une femme politique. »
Sur la possibilité que Jean-Luc Mélenchon atteigne le deuxième tour de l’élection présidentielle
« J’ai beaucoup d’amitié et d’admiration pour Jean-Luc Mélenchon mais je pense qu’à la fois sur le plan tactique et stratégique, il va tout droit vers la défaite. »
« Les forces de droite et d’extrême droite sont aujourd’hui les plus puissantes en France – et je mets M. Macron et la politique qu’il mène car s’il veut jouer le chevalier blanc, il dit seulement d’une façon sucrée ce que disent d’une façon vulgaire Mme Le Pen, M. Zemmour ou Mme Pécresse. »
« La politique qu’Emmanuel Macron a menée vis-à-vis des immigrants, des travailleurs sans-papiers et des étrangers en général, il n’y a pas l’épaisseur d’un papier à cigare avec ce qu’aurait pu faire l’extrême droite. »
« Même si Jean-Luc Mélenchon parvenait à accéder au second tour, je pense qu’il aurait peu de chances dans ce type d’élection de parvenir à remporter la présidentielle. »
« Le boycott, c’est l’arme des pauvres. Mais nous sommes pauvres, nous n’avons rien, nous n’avons ni les forces médiatiques, ni les forces financières. »
Sur le divorce entre les intellectuels, le monde populaire et la politique
« Il y a un très grand manque de réflexion théorique à gauche. Or, elle est indispensable car elle sera l’ossature de la future République. »
« Les intellectuels de droite se réjouissent de toutes les mesures coercitives prises en ce moment mais pour penser la société, il faut pouvoir réfléchir de façon théorique et profonde aux questions qui nous traversent. »
« Il y a une incompréhension avec le monde populaire mais ce n’est pas qu’à mettre à la charge des partis de gauche ou des syndicats car ces derniers font face à une propagande néolibérale sur l’ensemble des grands médias qui finit par devenir la doxa… »
« Lorsque l’intelligence populaire est mise en oeuvre, on aboutit à des choses formidables. »