Mathilde : « Emmanuel Macron est profondément masculiniste »

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Mathilde est une chansonnière engagée. Militante féministe. Sa nouvelle chanson « Martyre de la cause » cartonne. À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, elle est l’invitée de #LaMidinale.

UNE MIDINALE À VOIR…

 

ET À LIRE…

Sur l’utilité de la journée des droits des femmes
« Cette journée change éventuellement quelque chose pour nous, les femmes. C’est une opportunité de faire un petit check, un peu comme les bonnes résolutions du début d’année. Cette journée permet de faire un petit bilan et de s’organiser. C’est quelque chose de très politique. Ça crée une sororité citoyenne entre nous, une manière de prendre la température et de constater à quel point ça n’avance pas. »
« La lutte a encore du sens. »
« L’art est une manière pour l’artiste de questionner et de s’exprimer. »
« Si ma musique n’avait aucun impact, je ne recevrais pas autant de haine sur les réseaux sociaux que j’en reçois actuellement. »

Sur la chanson « Martyre de la cause »
« Je ne laisse plus rien passer. J’ai beaucoup laissé passer. Et je suis fasse à 37 ans à des regrets , à des remords, à un bilan de femme meurtrie. Je me trimballe un syndrome post traumatique complexe. J’ai survécu à des violences conjugales. Je me suis retrouvée à l’hôpital en ayant perdu un bébé. »
« Après #MeToo, je me suis dit qu’il fallait que j’arrête les conneries, la demi-mesure, le déni, les excuses. Parce que j’ai pris conscience que ça ne servait que l’agresseur. »
« C’est terrible de faire face à ses regrets. »
« Pour moi, le mot de « martyr » est un mot transgressif qui reprend une sémantique de la religion alors que toutes les religions sont misogynes. Transcender ce terme de « martyr » c’était quelque chose d’important pour moi parce que c’est un peu lié au « les sorcières brûlées au bûcher » et à la fantasmagorie autour du martyr. »
« Je comprends que l’usage de « martyre » puisse poser question parce qu’on en a marre justement des femmes martyres pour la cause. »

Sur le rapport à la violence
« J’ai un rapport ambivalent à la violence. Ça n’est pas quelque chose que j’aime pratiquer. Mais je ne fais vraiment pas s’équivaloir bourreaux et victimes. La légitime défense n’est pas une violence. La violence, c’est ce qu’on reçoit. Et tant que je suis dans la légitime défense, je ne suis pas dans la violence. »
« Je ne pratique pas la violence. Je biberonne la communication non violente à tout le monde. Mais la non violence sert l’Etat et l’oppresseur. »
« Je suis d’avis que le patriarcat est un pervers narcissique. Le patriarcat coche toutes les cases du pervers narcissique. Il est impossible, face à cette violence, de répondre avec de la non violence. En plus, ça dépolitise la lutte. Et encore une fois, la légitime défense, n’est pas une violence. »

Sur la sororité
« Je pratique trois types de sororité : celle de l’intime, avec des potes avec lesquels je ne suis pas toujours d’accord. Celle politique, avec mes sœurs de lutte, avec qui je partage des ambitions politiques et un message. Une sonorité citoyenne qui fait que toutes les femmes sont mes sœurs d’un point de vue citoyen. »
« Ça serait faire du victim-blaming que de cracher sur une femme patriarcaptive. Ce n’est pas de sa faute, c’est la faute du patriarcat. »
« La sororité n’est pas une idéologie, c’est une pratique. »

Sur les féminicides et le bilan de Macron
« Rien n’a été fait. »
« En nommant Darmanin puis Dupont-Moretti on a bien compris qu’il nous disait : « fermez vos gueules ». »
« On ne peut pas avoir confiance dans la parole de Macron sur les questions féministes. »
« Les choix de Macron sont des choix violents et misogynes. »
« Notre président est profondément masculiniste. »

Sur la peur des femmes
« La peur est un obstacle pour tous les êtres humains. »
« Dans notre nature d’animal, c’est normal d’avoir peur. La question, c’est qu’est-ce qu’on en fait ? »
« Il faut comprendre la peur et l’accueillir. Il fait cesser cette idée que la peur, c’est mal, que c’est un truc de femmes, de mauviettes ou de femmelettes. »
« La stigmatisation de la peur, en tant qu’émotion, est profondément un truc viriliste. »
« La misogynie est un problème d’hommes. »
« J’attends une association de mecs aussi forte que l’association #NousToutes qui s’appellerait #NousTous, des hommes contre le patriarcat. Et je pense hélas, que je peux attendre longtemps. »

Sur son engagement auprès de l’Union populaire
« Mélenchon n’est pas le candidat le plus féministe, c’est son programme qui est le plus féministe. »
« Il y a beaucoup de femmes qui ont passé beaucoup de leur temps sur le programme. »
« Je veux sortir de la Vème République parce qu’on est sur l’homme – ou la femme – providentiel.le. »
« Je suis politisée avant d’être féministe. Mon féminisme découle de mon anarchisme. »
« Taubira n’est pas ma sœur de lutte. »

Sur la décision d’exclure la Russie de l’Eurovision
« Exclure la Russie de l’Eurovision, c’est resté sur quelque chose de l’ordre de l’apparence. »
« Ma première solidarité va avec les artistes russes : je ne crois pas qu’ils soient tous derrière Poutine à dire que c’est génial la guerre (…). Il n’y a qu’à voir comment cela se passe en France : la majorité n’a pas élu Emmanuel Macron et n’est pas d’accord avec sa politique. »
« Je déteste l’amalgame qui peut être fait entre un peuple et un mec qui, tranquille depuis son Kremlin, décide une guerre. »
« La décision d’exclusion est un manque de soutien aux artistes russes. »
« On met, de facto, les artistes russes dans le même panier que Poutine. »
« Les artistes sont toujours majoritairement dissidents donc c’est le moment de les accueillir chez nous pour qu’ils puissent créer librement dans un pays où on ne les oblige pas à aimer la guerre. »

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