La guerre de la Russie en Ukraine n’est pas uniquement celle des soldats et des bombes : c’est aussi une cyberguerre. Mais que recouvre vraiment ce terme ? On en parle avec Grégory Fabre, expert en cybersécurité, qui est l’invité de la Midinale.
UNE MIDINALE À VOIR…
ET À LIRE…
Sur les cyberattaques
« Une cyberattaque, c’est le fait de s’introduire dans un ordinateur pour y voler des informations, pour les détruire ou les chiffrer et les rendre illisibles. »
« La Russie est plutôt connue pour être assez bonne pour les cyberattaques. »
« Il y 250 opérateurs d’importance vitale en France. Ce sont des entités publiques ou privées. On ne connaît pas la liste de ces opérateurs mais on imagine que ça peut être des centrales nucléaires, des barrages hydroélectriques. S’attaquer à ces opérateurs peut faire plein de dégâts : provoquer des fuites, ouvrir un barrage, etc. Ces entités sont bien protégées par l’Etat par l’ANSSI – l’Agence nationale de Sécurité des Systèmes d’Information. »
Sur la Russie, la cyberattaque et la cyberdéfense
« Les Russes sont très bons en matière de cyberattaque et de cyberdéfense mais ils ne sont pas les seuls : les Américains, les Chinois et les Français aussi. »
« Il y a des nouvelles formes de cyberattaques, notamment en période électorale et qui ressemble parfois à de la désinformation. Par exemple, lorsque les emails d’Hillary Clinton sont publiés ou ceux d’Emmanuel Macron lors de la précédente élection présidentielle – emails qui sont même parfois réécrits. »
« Les Russes sont connus pour avoir des boites privées et qui travailleraient peut-être aussi pour l’Etat – un peu sur le modèle du groupe Wagner. Il y a un vide juridique sur les actions de ces boîtes privées. »
« Les Etats peuvent provoquer des cyberattaques mais aussi les boîtes privées. »
Sur les Anonymous et autres hackers
« Anonymous est un groupe informel et on ne sait pas qui c’est. Ils sont politisés et depuis plusieurs années, ils soutiennent des causes politiques et mettent à disposition leurs compétences informatiques. Ils ont lancé un appel pour s’attaquer aux russes, à des systèmes informatiques mais aussi des médias russes. »
Sur RT France et Sputnik
« RT France utilise Youtube pour publier ses vidéos donc au lieu d’héberger eux-mêmes leurs vidéos, ils délèguent leur vidéo à YouTube. On voit aujourd’hui que c’est une erreur stratégique parce qu’il a suffit d’appeler YouTube, qui appartient à Google – entreprise américaine – et qui a viré toutes les vidéos RT France de YouTube. »
« RT France était aussi distribuée sur la FreeBox et Free a désactivé le réseau de distribution de la télévision. »
Sur la proposition d’Elon Musk
« En cas de guerre, prendre le contrôle des médias est un objectif stratégique. »
« Protéger ses médias est un enjeu stratégique. »
« Elon Musk a proposé de l’aide. C’est plutôt sympa de sa part. J’imagine que l’Etat ukrainien a du mal en ce moment à protéger ses médias. »
« Les infrastructures de communication ne sont pas toutes organisées par l’Etat. »
« C’est plutôt le rôle de l’Etat d’aider les médias à se protéger. »
Sur la communication Poutine vs Zelinski
« La communication directe des gens par les réseaux sociaux est un fait. Mais cette communication peut aussi être un vecteur de désinformation. Les médias traditionnels ont encore une existence. »
« Les médias traditionnels n’ont pas encore été totalement remplacés par les réseaux sociaux. »
« En temps de guerre, il faut faire attention à vérifier les sources qu’on utilise. »