Patrice Cohen-Seat : « Avec Roussel, Mélenchon aurait une chance d’être au second tour »
Fabien Roussel est partout. Plébiscité par les médias, il est aussi largement adoubé par le printemps républicain et la droite. Selon les sondages il passe de 1% à 3%. Le candidat communiste serait-il en dynamique ? Patrice Cohen-Seat, directeur de campagne de Marie-George Buffet en 2007, est l’invité de #LaMidinale.
UNE MIDINALE À VOIR…
ET À LIRE…
Sur la candidature de Fabien Roussel
« Je suis très content quand j’entends une voix communiste, en l’occurrence avec Fabien Roussel une voix communiste qui a un certain allant. »
« Le problème auquel nous sommes confrontés, les gens de gauche de gauche, c’est la capacité à rassembler un électorat qui est aujourd’hui rassemblé. »
« Si la gauche de gauche n’arrive pas à parler d’une seule voix, elle se condamne à ne pas exister. »
« Je ferai mon choix en fonction de la capacité des candidats à rassembler cet électorat de gauche de gauche. »
« La performance de Mélenchon en 2017 était exceptionnelle – en attirant notamment une partie de l’électorat de François Hollande en 2012 – et elle n’est pas encore impossible pour 2022. Ça peut encore arriver. »
« Fabien Roussel a dit à plusieurs reprises que son objectif était de faire 17%. Ça semble très difficile à atteindre. Mais même 17%, ça n’est pas le résultat qu’il faudrait souhaiter pour la gauche aujourd’hui. »
« Si Mélenchon faisait le même score aujourd’hui que celui de 2017, compte tenu des intentions de vote pour Pécresse, Le Pen ou Zemmour, il serait au second tour. »
Sur le camp idéologique du PCF
« Sur les questions de laïcité, de sécurité, etc. Il y a des dérapages de la part de Fabien Roussel. »
« Dans la médiatisation de la vie politique, il faut faire le buzz. Et c’est une bonne façon de faire le buzz que de faire scandale. C’est très étonnant de voir le candidat communiste sur ces positions-là. Donc ça fait le buzz et ça contribue à la notoriété. »
« En reprenant les positions du printemps républicain, de Valls ou de la droite, en faisant le lien entre sécurité, islam et immigration, Roussel avalise les thèmes de la droite et de l’extrême droite. Et c’est très dangereux. »
« Le programme de Roussel n’est pas très différent de celui qu’on avait avant. Mais celui qu’on avait avant, il fallait continuer de le travailler. »
« Le déclin du PCF n’a pas commencé dans les années 2000 comme le pense Fabien Roussel mais à la fin des années 70, début des années 80 (…). Ce déclin a commencé avec Georges Marchais. »
« Avec Marie-George Buffet, on a essayé de travailler à faire émerger un projet communiste de notre temps. »
« En 2008, je disais qu’il fallait aller vers une métamorphose du communisme et de notre parti. »
« En faisant un retour en arrière à ce qu’il appelle les fondamentaux, je crains que Fabien Roussel ne fasse une grosse erreur d’analyse. Une erreur très coûteuse. »
Sur la question sociale et les luttes diverses
« On n’a jamais intérêt à opposer les luttes entre elles. »
« Si on ne part pas de ce qu’est la société, donc de ces luttes, on passe à côté de ce qui est fondamental. Il y a les luttes sociales mais il y a aussi le féminisme, les luttes pour les migrants, pour le climat, contre les discriminations. Ce sont des luttes réelles. »
Sur la question énergétique
« Je préfèrerai qu’on essaie de poser les questions fondamentales. »
« Le nucléaire est un choix politique extrêmement dangereux. »
« On peut arriver à atteindre les objectifs de la COP21 avec 100% d’énergie renouvelable. »
Sur l’effondrement de la gauche
« Ce qui est le trou noir de la gauche, c’est la question d’une vision de société, d’un projet. »
« Au XXè siècle, la gauche a vécu sur une idée forte : la prise en main de la production de l’appareil économique par l’État – les nationalisations – (…). C’était l’idée que l’Etat gérait pour tout le monde dans l’intérêt général pour faire le bonheur de tous. Ce projet a échoué. »
« Le capitalisme est en train de tuer le vivant sur terre. Il faut une alternative au capitalisme. Je regrette que la campagne de Fabien Roussel ne soit pas une campagne sur le communisme avec une vision ambitieuse, élevée, enthousiasmante. »
« Dans le désarroi actuel, tout est possible. »
« La gauche dans son ensemble n’arrivera à monter que si on lui redonne un cap et un idéal enthousiasmant. »
Sur l’électorat de gauche
« L’image du PCF a été abîmée et il n’est plus porteur d’idéal et de rêve. »
« Le fait que les électeurs de Mélenchon privilégieraient plutôt Jadot que Roussel [sondage Ipsos-Steria pour Le Monde] est liée au fait que la question écologique est dans tous les esprits. Et ça n’est pas un hasard. »
« La gauche de gauche devrait être le cœur de la gauche. »
« Mélenchon a démontré qu’on pouvait rassembler l’essentiel de la gauche autour d’une vision transformatrice de la société. C’est ce qu’il faut faire. »
« On attend une transformation, un changement de système qui réponde aux enjeux d’aujourd’hui. C’est là-dessus que la gauche peut faire la différence. »
Sur les parrainages des élus
« Les élus sont les élus du peuple. Leurs actes se font au nom des citoyens qui les ont mandatés. Un élu doit agir en fonction de sa conscience. Donner sa signature et son parrainage est un acte politique important qui doit être conforme aux analyses qu’il fait et à sa conscience politique. »
Sur le Parti communiste français
« Le grand enjeu, c’est qu’on fasse revenir l’idée que l’on n’est pas condamné à vivre toujours dans une société capitaliste qui est fondée sur la recherche maximale du profit quels que soient les dégâts. C’est la question centrale. »
« Quelle que soit la forme d’organisation, on n’est pas obligé de garder pour toujours le type de parti créé au XIXè siècle. »
« Le communisme est le règne du commun. Il faut passer du règne du capital au règne du commun. Et ça, ça s’organise. »
« Il n’y a pas de vie politique sans organisation. »