Pot pourri

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« Devenez Fatima », public management et grande privatisation des services publics et mensonges macronistes. Bernard Marx revient, plus « Mad » que jamais !

#MADMARX.

« Devenez Fatima »

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Comme ce nom qui s’affiche sur les murs de nos villes en choque plus d’un, Petits-fils a cherché à se justifier sur Twitter : « Depuis hier, quelques personnes nous ont fait part de leur mécontentement ou incompréhension concernant l’une de nos affiches publicitaires « Devenez Fatima, une auxiliaire de vie à domicile qui peut se dédier à Simone et André ». Depuis 2007, Petits-fils aide les personnes âgées dépendantes à rester à leur domicile grâce au travail de 6000 auxiliaires de vie dévoués. Ces femmes et ces hommes s’appellent Aldjia, Nathalie, Mélissa, Ayélé, Vincent, Isabelle, Saana, Sylvie, Hasna, Souad, Emilie, Said… Nous sommes fiers de la diversité de nos auxiliaires de vie. C’est notre chance, notre force ! Nous sommes multiculturels et nous l’assumons.
Nous avons créé cette campagne publicitaire pour valoriser nos auxiliaires de vie, pour rappeler que ces personnes font ce métier par vocation, par conviction, aux services des plus fragiles, et avec des conditions de travail qui leur font aimer leur quotidien.
Sans eux, l’aide à domicile n’existerait pas.
Sans eux, nos parents et grands-parents ne bénéficieraient pas de l’aide à domicile dont ils ont besoin.
Et il est de notre devoir de les remercier.
Nous sommes Petits-fils grâce à Catherine, Maria, Fatima et Christophe. »

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Bref, Petits-fils signe et persiste. Et si toutes les Fatima de France y trouvent à rager, ce ne sera pas si grave pour ses affaires ! En réalité, ces affiches ne s’adressent pas à elles, mais à la part « haut de gamme » des Simone et des André qui constituent la clientèle recherchée par cette entreprise.

Quand on cherche à se renseigner sur Petits-fils on trouve très vite ceci : « Petits-fils est un réseau mandataire de services à la personne (en clair une enseigne et des franchisés). Cela signifie que votre employeur n’est pas Petits-fils mais le ou les particuliers employeurs chez qui vous intervenez. Vous pouvez donc avoir un ou plusieurs employeurs, de façon concomitante ou successivement ».

 

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« Réfléchis longuement avant de te faire applaudir par tes ennemis. »

Victor Hugo

 

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Public management et grande privatisation des services publics : les conseillers ne sont pas les payeurs

Petit florilège des représentants du cabinet Mac Kinsey à la Commission d’enquête du Sénat sur l’influence croissante des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques. Initiée par une résolution du groupe Communiste et Républicain, la Commission a pour rapporteure la sénatrice Éliane Assassi.

« En 2019, McKinsey a obtenu une prestation pour la Caisse nationale d’assurance vieillesse, d’appui à la préparation à une potentielle réforme des retraites, pour un montant de 920.000 euros. Quel était le rôle de McKinsey ? »

La réponse du représentant de Mac Kinsey, Thomas London :

« Vous avez obtenu un contrat d’un montant de 496.800 euros pour « évaluer les évolutions du métier d’enseignant ». Vous pouvez nous dire à quoi a abouti cette mission ? »

La réponse freudienne du représentant de Mac Kinsey, Karim Tadjeddine :

« … le marché… heu ! le métier d’enseignant »

Et celle de la ministre de la Transformation et de la Fonction publique Amélie de Montchalin et de l’anonyme membre du son cabinet :

« Surréaliste : le « livrable » du contrat de plus de 496.000 euros obtenu par McKinsey (qui permet de passer sous les radars de la Direction Interministérielle de la Transformation Publique (DITP) dont le seuil d’alerte est à 500.000 euros) = le « colloque au collège de France » et « l’utilisation de données par un chercheur » les plus chers de l’histoire », commente Benjamin Lemoine, lui-même chercheur au CNRS, spécialiste de la dette et le de la dépense publique.

« Beaucoup de gens (légitimement) indignés ne comprennent pas qu’à ce prix-là, l’État n’achète pas un une analyse sérieuse mais une analyse dont il s’est assuré à l’avance des réponses. Il faut imaginer un ministre dont l’objectif politique est de réduire les dépenses publiques et d’ouvrir des marchés pour le capital. Un cabinet de conseil est alors bien plus fiable qu’un universitaire – même si c’est un économiste ! », souligne Nicolas Da Silva, maître de conférences en économie à l’Université Paris 13.

Mais on peut aussi avoir recours aux deux, s’ils vont dans le même sens. Comme on le voit dans le cas de cette étude Mac Kinsey sur l’évolution du « marché-métier » d’enseignant. Elle a été mise au service exclusif de l’économiste Yann Algan, lui-même promoteur de l’État-start-up et de l’idéologie comportementaliste. Son rapport « Quels professeurs au XXIème siècle ? », explique Paul Devin, président de l’Institut de Recherches de la FSU assène une seule conception, développée de longue date par l’économiste. « La méthode rappelle d’autres stratégies mises en œuvre par Jean-Michel Blanquer où un discours, affirmé comme scientifique, est instrumentalisé par ses volontés idéologiques sans qu’aucune place ne soit faite à la controverse, aux débats ou à une volonté de synthèse prenant en compte la diversité des analyses ».

 

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Les mensonges tombent de haut

Sur les créations d’entreprises

En réalité c’est la précarité qui flambe :

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L’augmentation des créations d’entreprise provient essentiellement de l’explosion des micros-entreprises – le nouveau nom donné aux auto-entrepreneurs. Le reste des créations est en progression relative en 2021 mais en fait assez stable depuis vingt ans. Comme le souligne Le Monde, « selon une étude publiée par l’Insee en juillet 2021, les micro-entrepreneurs retiraient en 2019 en moyenne 590 euros par mois de leur activité non salariée, soit 6,5 fois moins que les non-salariés classiques (essentiellement des entrepreneurs individuels ou des gérants majoritaires de sociétés à responsabilité limitée). Un sur quatre gagne moins de 100 euros par mois, la moitié moins de 330 euros et un sur dix plus de 1510 euros. »

Sur le financement public des universités

La France ne peut « pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont considérés comme boursiers et où, pourtant, nous avons tant de précarité étudiante et une difficulté à financer un modèle beaucoup plus financé par l’argent public que partout dans le monde », a asséné le président de la République, le 13 janvier lors de la clôture en visioconférence du congrès de la Conférence des présidents d’université.

Triplement faux comme le prouve les statistiques officielles suivantes, notamment celles de l’OCDE.

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Les dépenses publiques pour l’enseignement supérieur mesuré par sa part dans le Revenu national est de 1,2%. Elle est inférieure à celle de la Belgique, de l’Autriche et de tous les pays scandinaves. Elle est aussi inférieure à celle de l’Allemagne si l’on tient compte des différences démographiques entre les deux pays.

Les dépenses privées c’est-à-dire celles des étudiants ou de leurs parents représentent 20% de l’ensemble des dépenses pour le supérieur soit une part non négligeable, supérieure la encore à celle de la Belgique, de l’Autriche et des pays scandinaves.

À quoi il faut ajouter les inégalités de la dépenses publiques entre la filière de l’Université et celle des classes préparatoires. 50% de plus par étudiant entre les classe préparatoires et l’Université (15.760 euros contre 10.330 (en 2017) selon les données du ministère de l’Éducation nationale.

Et la baisse des dépenses publiques par étudiant du supérieur entamée sous Hollande a poursuivi impitoyablement sa course sous Macron, comme le montrent les données recensées par Lucas Chancel et Thomas Piketty.

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Le mensonge présidentiel vaut diagnostic et préconisation de médecine pour traiter le malade universitaire. C’est du grand classique : s’appuyer sur les résultats désastreux de ce qu’on a fait pour tripler la mise à coup de réformes structurelles. Comme le synthétise l’économiste Bruno Amable : « Pour Emmanuel Macron, l’université de demain doit opérer un changement systémique qui passerait par une forte augmentation des frais d’études et le développement de filières professionnalisantes privilégiant des parcours à rendement sûr et rapide ».

Le point positif est que des chercheurs et enseignants-chercheurs membres du « parlement de l’Union Populaire », associé à la campagne de Jean-Luc Mélenchon lui ont répondu en formulant les axes d’un autre changement systémique pour refonder un service public ambitieux de l’enseignement supérieur et de la recherche. Évidemment ce serait à débattre…

 

Bernard Marx

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