Au lendemain du vote unanime des députés appelant le gouvernement à prendre mieux en charge l’endométriose, la députée de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain est l’invitée de #LaMidinale.
UNE MIDINALE À VOIR…
ET À LIRE…
Sur l’endométriose
« C’est une maladie qui touche une femme sur dix. C’est une maladie de la muqueuse utérine qui se dissémine dans le corps et vient potentiellement affecter d’autres organes. Les symptômes peuvent être extrêmement violents et invalidants, ou alors des symptômes moins graves où on est « juste » plié en quatre pendant la période des règles. »
« On connaît scientifiquement l’endométriose depuis le 19ème siècle, mais la reconnaissance a du mal à advenir. »
« L’endométriose n’était pas reconnue dans les affections longue durée [les ALD, ndlr] d’une certaine catégorie qui est l’ALD 30, qui ouvre à des droits, notamment le remboursement à 100% des soins, mais aussi la possibilité d’avoir des congés maladie avec la suppression du jour de carence, mais également d’aménager son temps de travail en fonction des périodes qui peuvent être douloureuses. »
Sur l’importance de reconnaître l’endométriose à l’Assemblée nationale
« C’est un processus de reconnaissance d’une maladie invisibilisée parce qu’elle touche aux règles, quelque chose qui a à voir avec l’intime, qui est un tabou. »
« C’est une maladie évolutive, incurable, qui touche entre 2,5 et 4 millions de femmes en France. Ce n’est pas une niche, c’est une maladie de masse. »
« À partir du moment où on a évoqué l’endométriose à l’Assemblée, 48h avant, le président de la République s’en est emparé en faisant une vidéo, en proposant un plan – de communication, puisqu’il n’y a pas de budget ni de calendrier. C’est bien parce que ça veut dire qu’on a quand même marqué le paysage politique. Le sommet de l’État s’en est emparé et a quand même posé un geste important pour les femmes qui en sont victimes. »
« Il faut vraiment aller plus loin, c’est pour ça qu’on a voulu, avec cette proposition de résolution, faire en sorte que l’Assemblée se prononce sur ce sujet et incite le gouvernement à prendre des mesures qui sont très attendus par les associations, les patientes, parce qui ça peut totalement changer leur quotidien. »
« Les plus précaires ont des frais liés à l’endométriose qui les mettent totalement dans la difficulté sociale extrême. Il y en a d’autres qui n’arrivent pas à être considérées comme vraiment malades parce qu’il peut y avoir une appréciation du médecin traitant en fonction du territoire. Il y a des grandes inégalités entre les femmes dans le traitement. L’ALD 30 permet de rendre les choses systématiques et de réconcilier ces femmes avec l’institution qui est censée les protéger et les soigner. »
Sur l’avis négatif du gouvernement et le vote unanime des députés
« Le vote des députés est à saluer. Ça n’arrive quasiment jamais dans cet hémicycle d’avoir une telle unanimité : 111 votants, 111 pour. Avec une ovation, une joie partagée pour les femmes. »
« Après, c’était la douche froide. J’avais cette grande joie d’avoir réussi à marquer les esprits et faire adopter cette proposition, et le ministre de la Santé Olivier Véran intervient pour dire qu’il n’est pas d’accord. Or, c’est lui qui doit faire le décret – nous, parlementaires, on demande au gouvernement de le faire en votant cette résolution – qui permet que l’endométriose entre dans l’ALD 30. »
« Il y a eu un moment de concorde dans l’hémicycle. Ils ont pris leur autonomie vis-à-vis du gouvernement. Ce n’était pas non plus un acte outrancier, par rapport aux déclarations du Président. »
« J’ai bon espoir que le décret soit pris parce qu’on a ouvert une brèche. Maintenant, il faut enfoncer la porte. Les associations sont très remontées par les déclarations de Véran. On peut avoir une grande mobilisation pour faire plier le gouvernement. »
Sur l’ouverture du don du sang aux homosexuels
« Le gouvernement lâche du lest pour essayer de limiter les dégâts à l’approche de la présidentielle. C’est parcimonieux quand même. Je n’ai pas le sentiment qu’on ait changé d’ère. »
« Le fait qu’Emmanuel Macron ne soit pas encore officiellement déclaré candidat, ça empêche que le débat démocratique se passe de manière digne. »
Sur les avancées du féminisme
« Ça bouge. Dans la société, considérablement. Dans tous les groupes politiques aussi. Après, il y a des résistances. Au gouvernement, elles sont notamment financières. Et il y a cette idée que les gens sont des assistés, que si on leur donne des droits, ils vont en abuser – alors qu’on sait que le non-recours aux droits est bien plus important que l’abus. »
« Dans le discours, c’est un peu mieux. »
Sur les querelles internes au mouvement féministe
« Ça n’est pas nouveau. Le féminisme n’est pas un dogme, il y a toujours eu des conflits. »
« Sur les femmes voilées, il y a eu des périodes d’une extrême violence. J’ai l’impression que c’est moins prégnant. »
« Les confrontations idéologiques ne me font pas peur, quand elles ne deviennent pas des espèces de camps qui ne peuvent plus se parler. »
« Se dire féministe aujourd’hui est devenu presque consensuelle. Quand j’ai commencé à être militante féministe, le mot lui-même était dérangeant. »
« Je sens le mouvement de fond, notamment dans les jeunes générations, qui crée du commun. »
Sur la mobilisation dans l’Éducation nationale
« On a vu dans la rue la CFDT, des proviseurs, des principaux d’établissements et même des inspecteurs. C’est une colère massive qui touche toute la hiérarchie. »
« Jusqu’à présent, le ministre était droit dans ses bottes. Puis il a changé de ton, reconnaissant des erreurs, et fait quelques premières annonces. »
« Quand on se mobilise, c’est pas pour rien. On peut gagner des choses et faire reculer le gouvernement. »
« On est un pays d’Europe occidentale où les profs sont les plus mal payés. Réforme après réforme s’installe un désarroi face à la grande difficulté de pouvoir faire correctement son métier. »
« Il faut qu’on soit capable de porter un projet dans lequel il y a un enjeu sur le nombre d’élèves par classe, sur le salaire des enseignants. Mais il faut aller plus avant sur les enjeux pédagogiques et la refonte de notre institution scolaire. »
Sur le meeting immersif de Mélenchon
« L’idée de ce meeting immersif est de faire ressentir des choses. La politique donne une vision du monde et dans cette vision, on ressent aussi des émotions. On partage du sensible. »
« Les techniques pour ce meeting viennent du monde culturel. »
« C’est une prouesse technologique au service d’une volonté de partager, par le sensible, d’un projet politique. »
« Je suis assez enthousiaste de cette performance qui aura lieu ce dimanche. »
« On a beaucoup ri de l’hologramme de Mélenchon alors que tout le monde convient aujourd’hui que c’était assez moderne. »
« C’est une expérience et on verra dimanche si elle porte. »
Sur le rapport de LFI à la création et aux artistes
« On ne peut pas parler du monde et vouloir le transformer sans être irrigué par la création contemporaine. »
« C’est important pour nous, pour notre langage, pour comprendre le monde que d’être en lien avec les artistes. »
« On doit s’imprégner de ce qui émerge dans la création. »
« Les leaders politiques et les militants ont tout intérêt à s’ouvrir sur ce qui s’invente. »
« Les artistes et le monde de la création sont là aussi pour nous donner des pistes de transformation. »
« À chaque fois que la gauche a été forte, les artistes étaient là. »
« Quand il y a des artistes, il y a le monde populaire. »
Sur sa candidature aux législatives
« J’ai engagé une démarche et je me suis adressée aux habitants de ma circonscription pour leur parler de cette démarche de rassemblement que je veux porter. »
« La dernière fois, j’avais été portée par une alliance entre les communistes, les insoumis et des citoyens. J’aimerais que nous soyons en capacité de porter à nouveau ce cadre de rassemblement. Et plus si affinités. Localement, je tends la main à EELV. Je souhaite que ce rassemblement soit à la fois porté par des organisations politiques – et je cherche ces alliances – et qu’il soit également investi par des citoyennes et des citoyens. »
« La circonscription sur laquelle je suis élue est l’une des premières cibles des discours d’extrême droite. »
« On est la cible privilégiée de Zemmour. »
« J’ai fait le choix de Mélenchon parce qu’il est le plus cohérent pour porter les ruptures dont nous avons besoin. Il est aussi le plus propulsif. »