Bardella VS Attal : qui a gagné ?

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Jeudi soir, s’affrontaient deux seconds, rodés à l’exercice télévisuel. Au-delà de la question de sa légitimité, ce débat aura-t-il un impact sur le 9 juin ?

Dans un débat de Premiers ministres, c’est le Premier ministre qui gagne. A l’évidence, comme lors des confrontations Macron-Le Pen, ceux qui exercent le pouvoir maitrisent mieux techniquement les dossiers. Mais était-ce là l’enjeu du grand débat organisé hier soir par France 2 entre Gabriel Attal et Jordan Bardella (à la demande expresse des deux impétrants) ?

Le tête de liste de l’extrême droite a voulu faire de ce moment une confrontation « projet contre bilan ». Et de ce point de vue il est parvenu à ses fins. Et c’est là le fond du problème. Le Premier ministre a été en défense de l’action gouvernementale pendant toute l’émission avec suffisance et mépris à l’égard de son interlocuteur. Tellement fier de le coincer à plusieurs reprises : sur le droit de véto réservé à seulement deux sujets (la fiscalité et la politique internationale), sur les changement de ligne du RN au sujet de l’Europe (Frexit ou pas, euro ou pas ?), sur l’absurdité des doubles frontières (comment contrôler seulement les étrangers extra-communautaires à nos frontières sans contrôler tout le monde dont les 500 000 travailleurs transfrontaliers ?) ou encore sur la loi européenne concernant le prix de l’électricité (qui n’entrera en vigueur qu’en 2026).

Sur tous ces dossiers Bardella s’est montré techniquement faible. Mais a-t-il été contesté sur le fond ? Attal était en contre-attaque en cherchant à montrer la faiblesse de Bardella et en défense en s’appuyant sur le bilan de l’Europe et sur la politique qu’il conduit au côté d’Emanuel macron. Il n’a jamais opposé une vision et s’est contenté de pétitions de principes énoncées comme des punchlines. Celles-ci peinent à convaincre tant elles divergent avec les politiques concrètement menées en matière écologique (Attal affirmant « Le combat contre le réchauffement climatique est celui de notre génération ») comme en matière de stratégie de puissance (on est plus fort ensemble que séparément…) si opposée à la fracturation de notre société. Quelle crédibilité accorder à cette proclamation « C’est un honneur d’être en désaccord avec vous sur l’immigration » après la loi Immigration votée par le RN et le pacte européen qui se montre si hostile aux migrants et si contrevenant aux principes d’humanité ?  

En se laissant enfermer dans ce « projet contre bilan » – Attal peut-il y échapper ? – , le Premier ministre révèle les faiblesses de son camp dans le grand affrontement qui vient, face à l’extrême droite. François Ruffin ou Leon Deffontaines notamment ont raison de présenter au RN son bilan. Le RN n’est plus vierge de toute responsabilité. On l’essaye déjà au travers de ses votes au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, notamment en matière sociale (sujet qui n’a jamais été abordé hier soir sur France 2). Mais la gauche aura besoin de plus pour gagner. Il lui manque encore le projet qui répare et qui emballe. Sinon cette version du dégagisme l’emportera.

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