Après l’école, l’agriculture et le travail, découvrez la nouvelle « priorité » de Gabriel Attal
À vouloir tout rendre prioritaire, on finit par ne s’occuper de rien en priorité. Mais qu’est-ce que ça brasse de vent !
Le problème des tics de langage, c’est qu’ils font appel à des mots qui ont, malgré tout, un sens. Et le tic du Premier ministre, c’est le terme « priorité ».
En juillet 2023, alors qu’il vient d’être nommé à l’Éducation nationale, Gabriel Attal veut percuter : « les absences de professeurs non remplacés seront ma priorité ». Mais quelques jours plus tard, Gabriel Attal jette déjà le trouble en annonçant que « la lutte contre le harcèlement scolaire est une priorité absolue ». Et à l’intérieur même de cette « priorité », il en est une autre : en août, il indique que la « première priorité » sera « d’élever le niveau » à l’école. Puis vient la rentrée de septembre et la « priorité » redevient la lutte contre le harcèlement – alors que le ministre se démène pour interdire l’abaya.
Vous suivez ? Alors accrochez-vous. Nous voilà plongés dans une faille spatio-temporelle où Gabriel Attal n’est pas maître des horloges, non, il a détruit le temps lui-même !
En janvier 2024, l’école reste « une priorité absolue » pour celui qui est désormais Premier ministre. Une priorité qui s’accompagne de la nomination d’Amélie Oudéa-Castera rue de Grenelle pour 28 jours – record pour un ministre de l’Éducation. Et pourtant, on apprend que la « priorité« du Premier ministre, ce serait l’ordre et la sécurité. Oui mais, Gabriel Attal avance également sur France 2 qu’il « fait de la santé mentale de nos jeunes une grande priorité »…
En fait, le bougre est tellement homme de priorités qu’il organise carrément un séminaire gouvernemental, le 10 janvier, pour que lui et son équipe définissent « les priorités des prochains mois ». Sauf que moins d’un mois s’écoule et l’exécutif plonge dans la crise des agriculteurs. Déclaration du locataire de Matignon : « L’agriculture est au-dessus de tout ».
Oui mais, entre-temps, le Premier ministre avait confié que sa « priorité va être de soutenir la France qui travaille »…
Arrive la déclaration de politique générale et là on y trouve pêle-mêle :
- « Ma priorité est claire : favoriser le travail pour que ceux qui en sont éloignés s’en rapprochent, en soutenant ceux qui n’ont que le fruit de leur travail pour vivre, et qui sont toujours au rendez-vous de leurs responsabilités. »
- « Ce réarmement que nous construisons avec le Président de la République, il a un objectif prioritaire : assurer notre souveraineté. »
- « Le bien-être à l’école, c’est aussi donner toute leur place aux élèves en situation de handicap. Bâtir une société inclusive est au cœur des priorités de mon Gouvernement. »
- « Réussir le réarmement civique, c’est au cœur des priorités de mon Gouvernement. »
- « Contre l’insécurité, nous nous sommes fixé deux priorités : la lutte contre les stupéfiants et la lutte contre la délinquance du quotidien, en particulier les cambriolages. »
- » Au niveau européen, nos 3 priorités immédiates sont claires : les jachères, les importations ukrainiennes, notamment de volailles, et le MERCOSUR. »
Puis tombe le 14 mars 2024, journée mondiale des mathématiques. Face à la véritable pénurie de filles en filière scientifique – merci Jean-Michel Blanquer –, Gabriel Attal jure : « L’élévation du niveau en mathématiques, c’est une très grande priorité » et accroître la part des filles dans ce secteur serait même une… « priorité absolue ».
Avouez qu’on ne s’en lasse pas !
Pourtant, le 17 mars, Gabriel Attal a déjà repéré une nouvelle « priorité« : « La démocratisation de l’accès à la culture ».
On s’arrête là ? Non ! Le 20 mars (hier !), le Premier ministre donne une conférence de presse pour une annonce révolutionnaire : le projet de fusion de la carte Vitale et de la carte d’identité est « prioritaire ».
Débranchez-le ! Ou donnez-lui un dictionnaire des synonymes.
« Bas l’épate » sur tout ce qu’il massacre serait donc à son égard une injonction…forcément prioritaire 🙂
Merci de ce billet qui fait rire…pour ne pas pleurer.
La priorité prioritaire qu’il priorise, bien sûr qu’il n’en a qu’une : au concours de la nullité, décrocher le premier prix et les palmes qui vont avec !