LA LETTRE DU 9 JUIN

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Ça a eu lieu !

par Catherine Tricot

Il y a un an le président dissolvait l’Assemblée nationale. Retour sur ce moment qui rassembla la gauche.

Ce fut un choc, un traumatisme national, souvent vécu intimement : on se souvent de l’endroit où l’on se trouvait lorsqu’Emmanuel Macron est apparu sur les écrans ce 9 juin 2024 vers 21 heures. Au soir de l’élection européenne où l’extrême droite française venait de rassembler plus de 31% des suffrages et les macronistes moins de 15%, le président de notre Ve République annonçait sa décision : l’Assemblée nationale est dissoute. 

Dans la ville où je vis, Bagnolet, en Seine-Saint-Denis, ce fut un vent d’angoisse. Comment Macron pouvait-il nous faire ça !? Lui semblait s’amuser : il voulait « balancer une grenade dégoupillée dans les jambes des partis. Maintenant on va voir comment ils s’en sortent ». Nous, on voyait déjà le RN à Matignon et tout le monde anticipait la poussée des haines racistes, les expulsions, les agressions homophobes, les attaques « contre les wokistes et les gauchistes ». Ce fut cette épouvantable anticipation qui a poussé des centaines de milliers d’entre nous à exiger l’union de tous les partis de gauche. Les militants politiques n’étaient pas les plus présents dans ces premiers moments, marqués par les divisions. Glucksmann pavoisait avec un peu plus de 13% ; Mélenchon était ravi que LFI frôle les 10%, les écologistes respiraient d’avoir franchi la barre fatidique des 5% ; les communistes n’avaient toujours pas la clef pour sortir de leur marginalité… La gauche politique qui rassemblait autour de 30% était à ses affaires.

Mais, dès cette nuit-là, devant les sièges des partis, sur les réseaux, par tous les moyens (pétitions, note de blogs, appels…), la gauche profonde se mobilisait. La proposition fut d’abord formulée par François Ruffin : il fallait un « nouveau front populaire », avec les partis, les assos, les syndicats… tout le monde pour barrer la route au RN. Un programme, partout des candidats communs sous la bannière NFP malgré quelque dissidences et de méchantes purges. Au final, hausse spectaculaire de la participation et à la surprise générale, le NFP arrive en tête. Les partis de gauche s’enferment alors à huis clos pour trouver un nom qui fasse consensus pour Matignon. Que ces 10 jours furent longs et pathétiques. Et ce fut l’inconnue et inattendue Lucie Castets ! Fantastique ! Nous avons donc de la ressource humaine. 

La suite, on la connait. Elle commence par cette incroyable fête concoctée par Thomas Jolly et sa bande. Sur la Seine, aux yeux du monde et pour ouvrir les Jeux olympiques, c’est notre France qui s’avance. Belle, inattendue, dangereuse et créative. On est heureux. Comme le dit l’historien Patrick Boucheron, qui était de l’aventure aux côtés de Thomas Jolly, à propos de tous ces moments : « Ça a eu lieu ». Et c’est là l’essentiel. 

L’acharnement à éteindre ce feu n’a pas été vain. Macron a procrastiné pendant 3 mois pour éviter que la gauche ne vienne défaire « sa belle et grande politique de l’offre ». Barnier fut nommé. Rien ne fut demandé aux millions d’entre nous qui ont voté NFP. Les partis de gauche se sont un peu plus entredéchirés. Comme si Bardella avait gagné, Retailleau a pu dire et faire ses dingueries et le premier ministre Bayrou parler sans honte de submersion migratoire. Gaza se meurt et il se passe si peu. On promet désormais la retraite à 66 ans. Et Macron recommence à se parer des vertus de l’écologie. La tristesse est revenue. Glucksmann et Mélenchon se préparent, loin de nous, de nos peurs et de nos espoirs.

Mais nous savons que ça a eu lieu. 

Catherine Tricot

ARRESTATION DU JOUR

La flottille de la liberté interceptée : quand les consciences dérangent

Ce dimanche, l’armée israélienne a intercepté en haute mer une flottille civile en route vers Gaza. À son bord : Greta Thunberg, Rima Hassan et une cargaison essentiellement symbolique d’aide humanitaire. Le but : briser le blocus, dénoncer l’impunité. En bloquant cette expédition, Tel-Aviv ne répond pas à une menace militaire mais à une provocation morale : celle de rappeler, encore et toujours, que Gaza est une prison à ciel ouvert, sous embargo depuis plus de 15 ans. Ce geste, à mille lieues des grandes déclarations diplomatiques, relève d’un internationalisme concret : mettre son corps entre l’oppression et le silence complice. L’équipage est maintenant en état d’arrestation avant que chacun soit renvoyé dans son pays d’origine. Sauf si Israël change ses plans. Ce lundi 9 juin, rendez-vous partout en France pour des mobilisations en soutien à la Flottille de la Liberté et pour la fin du génocide à Gaza. Liste des manifestations ici.

P.P.-V.

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Le site très pédagogique de l’Ocean Coalition : ce sont 183 ONG et mouvements qui se sont regroupés pour soutenir 20 actions concrètes que devraient prendre les États pour protéger la mer. En pleine Conférence des Nations Unies sur l’Océan à Nice, il y a urgence à forcer les politiques à les endosser. Car nos océans se meurent.

ÇA SE PASSE SUR REGARDS.FR

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