Darmanin et Retailleau : délétère surenchère
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Entre le ministre de l’intérieur et celui de la justice, c’est la foire à la saucisse : qui proposera la plus grosse dinguerie ?
En apprenant le casting du gouvernement Bayrou, on savait que ça sentait le sapin : l’ultra-conservateur Bruno Retailleau était maintenu place Beauveau quand Gérald Darmanin faisait son come-back place Vendôme. Deux populistes bas du front pour s’occuper des deux postes régaliens par excellence, merci Macron !
C’est donc sans surprise que les Tic et Tac de la droite cherchent à tout prix à se démarquer l’un de l’autre. En jeu : la chefferie de la droite en 2027, quelle soit macroniste ou canal historique. La surenchère est sans limite. Exemples, rien que cette semaine…
Les croisades à Bruno
Dans l’affaire qui oppose Robert Ménard à un couple auquel il a refusé le mariage – parce que monsieur est un étranger en situation irrégulière –, Bruno Retailleau vient à la rescousse. Le maire d’extrême droite de Béziers risque cinq ans de prison tout de même. Défenseur de la famille dans sa forme la plus tradi, le ministre de l’intérieur propose une loi pour « interdire un mariage » dans ce cas précis. Un copain fait un truc illégal ? Légalisons le truc. CQFD.
Étrangement (non), quand Bruno Retailleau n’a pas affaire à un clandestin mais à un groupe de fachos scandant des chants nazis en plein Paris après avoir agressé des gens à coup de couteau, il rétorque : « S’il y a un combat qui devrait nous réunir, c’est le combat contre la violence, le combat contre le fascisme, le nazisme, l’extrême droite et aussi contre l’ultra-gauche ». Puis c’est parti pour de longues secondes à parler de la gauche…
Renvoyer dos à dos agresseurs et agressés au motif qu’on est plus proche d’un des deux camps, du pur Donald Trump.
Le justicier Gérald
Darmanin est à Sarkozy ce que « Napoléon le petit » fut à Bonaparte. Une pale copie, une tragique répétition. Sautant sur un communiqué du syndicat FO Justice – bien relayé par les journalistes de préfecture locaux –, le garde des sceaux entend mettre fin à une aberrante occupation des prisonniers français : les « activités ludiques ».
De quoi parle-t-on ? FO Justice avance que le 14 février, des détenues de la maison d’arrêt de Toulouse-Seysses ont eu droit à des soins et massages du visage, offert par une école toulousaine pour la Saint-Valentin – « une semaine après de la danse country », lit-on sur BFM. Un scandale digne de Bétherram (non).
Darmanin ne laissera rien passer : « Il est hors de question d’avoir des activités ludiques qui choquent tous nos concitoyens et qui m’ont choqué profondément lorsque j’ai appris que cette activité gratuite qui avait été proposée localement avait été acceptée […] J’ai demandé au directeur de l’administration pénitentiaire […] qu’une instruction soit donnée à tous les directeurs de centres pénitentiaires, de toutes les prisons, pour que nous ne nous limitions absolument qu’au soutien scolaire et à la langue française, à l’activité autour du travail et à l’activité sportive à l’intérieur de la prison ». Le ministre a ordonné « d’arrêter désormais totalement ces activités dont personne ne comprend pourquoi elles existent ».
Or, par la suite, des journalistes sont allés au-delà de la parole syndicale et, oh surprise !, l’histoire est bien différente : pas de massages et soins du visage offerts, pas d’événement spécial Saint-Valentin, mais il y a bien eu une intervention des étudiantes en école d’esthétique, venues prodiguer des conseils pour prendre soin du cuir chevelu. La date du 14 février n’est que pur hasard. L’événement n’est pas une première et avait pour but de redonner un peu d’estime de soi à ces femmes incarcérées.
Les conséquences du communiqué puis de la parole ministériel sont immédiates : les activités à venir sont suspendues. Visiblement, FO Justice, plutôt que de lutter à améliorer les conditions du personnel pénitentiaire, préfère se battre pour dégrader celles des détenus.
Et nos ministres foncent tête baissée. Un fait divers, une loi – et qu’importe si le fait divers en question était réel. L’héritage sarkozien continue de bercer les esprits droitards de la République. L’addition sera salée.
RIONS : il n’y a pas grand chose d’autre à faire devant tant de bêtise:
Retailleau VS Wauquiez
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-marie-de-brauer/la-chronique-de-marie-de-brauer-du-lundi-17-fevrier-2025-4187373