« L’heure est à la construction de ponts entre le mouvement social et les forces de gauche et écologistes »

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L’inspecteur du travail Anthony Smith marchera contre la vie chère et l’inaction climatique dans les rues de Paris ce dimanche 16 octobre. Le verdict de son jugement doit être rendu le 20 octobre prochain. Alors que se multiplient les journées de grève et d’action, il appelle à sceller l’unité qui donnera de la force aux travailleurs.

« Un premier pas vers la victoire. » Depuis le 28 septembre et la demande d’annulation de la sanction prise à son encontre en 2020, Anthony Smith respire mieux. Il sait qu’il vient de remporter une partie déterminante dans le bras de fer qui l’oppose à l’État depuis qu’en pleine première vague de covid, il a dénoncé l’absence de masques pour l’usage d’aides à domiciles d’une association rémoise et saisit la justice face à l’employeur.

 

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Suspension mi-avril 2020, mutation d’office à la rentrée qui suit, pour la hiérarchie et la ministre du Travail de l’époque, il faut faire un exemple. « L’entreprise reste un lieu où le pouvoir est concentré entre les mains de l’employeur » explique le CGTiste marnais, conscient de s’être heurté à un pouvoir obsédé par la compétition économique. Mieux que personne, il évalue l’acharnement que les gouvernements successifs ont mis à museler la parole syndicale, réduire la citoyenneté et la représentation salariée dans l’entreprise. D’ailleurs il n’omet pas de préciser que si son cas est emblématique, beaucoup d’autres existent évoquant six de ses collègues également sanctionnés pour fait syndical.

Mais après deux ans de lutte sans pause, une pétition de soutien signée par plus 165.000 personnes et une solidarité sans faille de la gauche syndicale et politique, la pression commence à changer de camp. En ce début octobre 2022, Muriel Pénicaud a disparu du décor et, pour la Première ministre Élisabeth Borne, il faut en finir le dossier Anthony Smith qui ne peut que la fragiliser sur le plan politique.

Le Marnais, quant à lui, mesure le chemin parcouru. Il a compris que la légitimation publique de son travail et de son action va renforcer la force du mouvement social tout entier.

Reprendre la main sur la question du pouvoir

Car son combat trouve un écho particulier en cet automne 2022 où les luttes se multiplient et cherchent à s’élargir. « Nous vivons un moment unique, où chacun doit prendre ses responsabilités », commente Anthony Smith. Il n’exclut pas le pire rappelant que « les fascistes peuvent prendre le pouvoir comme ils viennent de le faire en Italie. » C’est pourquoi il n’est plus question de tergiverser. L’heure est à la construction de ponts et de passerelles entre le mouvement social et les forces politiques, dans le respect et l’autonomie de chacune des organisations.

Le militant sait que son propos est largement partagé dans la société mais il connaît aussi les résistances auquel ce rassemblement se heurte, le passif à dépasser. Il a fait ses premières armes dans les assemblées générales étudiantes de novembre et décembre 1995, a ensuite vécu la victoire de la gauche plurielle en 1997 et le choc du 21 avril 2002 ; la victoire sur le TCE et l’impasse des collectifs anti-libéraux, l’espoir du Front de Gauche puis l’échec à nouveau. Il a compris qu’il n’y a pas de droit à l’erreur cette fois.

Quand le quadragénaire évoque le débat de la gauche et des écologistes, il ne s’appesantit pas sur les fausses querelles et les vraies différences, la mainmise des appareils et la bataille pour le leadership. D’autres en font leur fonds de commerce, lui va droit au but préférant parier sur le potentiel du moment politique. Pas NUPES naïf, il n’en est pas moins membre de son parlement populaire, convaincu que cette voie mérite d’être labourée et travaillée.

Renouer avec la confiance

L’inspecteur du travail refuse de banaliser les 20% du candidat Mélenchon à la présidentielle et l’élection des 150 parlementaires NUPES en juin dernier. « Ces deux élections ont permis de régler la question du hollandisme », explique-t-il, signifiant par-là que le socle programmatique commun de la gauche et des écologistes marque une rupture nette avec le néo libéralisme.

C’est une première, jugée impossible par beaucoup il y a quelques mois, et qui appelle aujourd’hui à passer de la coalition à un large rassemblement citoyen pour des changements concrets. « Pour deux générations la question du pouvoir avait été ajournée. L’émergence de la NUPES ou quel que soit le nom qu’on lui donnera, permet de remettre au-devant de la scène la question du pouvoir », argumente Anthony Smith.

Il évoque le besoin de renouer avec la confiance : « Je ne vois pas d’autre manière pour y parvenir que d’ouvrir des espaces communs pour se parler et faire le pari de l’intelligence collective ; de redonner de la force à la question sociale et sceller l’unité qui donnera de la force aux travailleurs. »

Ce dimanche, il sera au rendez-vous…

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