Bloquons tout : le 21ème siècle est en route

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Ce 10 septembre, partout en France, des centaines de milliers de personnes ont exprimé leur ras-le-bol. La diversité des formes, des générations, des lieux de mobilisation sont les signes avant-coureurs d’un profond renouvellement de la contestation sociale.

Hier, une nouvelle page de la contestation populaire et du mouvement que l’on disait ouvrier s’est s’écrite. Il fallut du temps, de nombreuses décennies, pour inventer la manif’, le syndicat, le journal militant et le parti… Hier, c’était l’émergence visible de quelque chose qui vient de plus loin. Un truc pareil n’a jamais existé : initié sur les réseaux sociaux, construit dans des AG locales, soutenu par des syndicats, des influenceurs et des leaders politiques, scruté les grands médias. Hier, il y avait des traces de tout ce que la France qui lutte a tenté depuis dix ans : contestation de la loi Travail et Nuit debout, refus de la réforme des retraites, Soulèvement de la Terre…


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Il n’y eut pas de blocage général. Les grévistes étaient très minoritaires. Les forces de l’ordre ont été mobilisées en masse pour empêcher tout ce qui pouvait s’y apparenter, sur les routes, devant les lycées et les facs, les entreprises. Que la police soit la plus forte : quelle surprise ! Cela ne change rien au fond.

En vérité, personne ne croyait vraiment que, ce mercredi 10 septembre, la France serait à l’arrêt. Mais les mots d’ordre « bloquons tout » et « grève générale » qui sont bien souvent incantatoires ont donné cette fois du cœur et dit une ambition élevée, à la hauteur de ce qui se joue en ces temps de crise politique et sociale majeures. Les revendications étaient très éclatées, signe de la profondeur du ras-le-bol, mais avec une cible commune : Emmanuel Macron.

Par la diversité des formes, leur caractère inattendu, en partie improvisé, les participants ont pu retrouver une place qui donna aussi un air de fête et de connivence. Combien hier n’ont pas utilisé leur carte bleue ? Beaucoup. C’était le geste minimum. Ce joyeux bazar a eu aussi sa contrepartie. « Ça se passe où ? », se demandait-on souvent. L’organisation a du bon. 

La ritualisation des manifs et des jours de grèves perlées ne convainc plus assez car elles ne fonctionnent pas assez. Il faut imaginer de nouvelles formes d’actions plus larges, où chacun peut y prendre place et qui soient moins contournables par le pouvoir.

Beaucoup comparent « bloquons tout » avec les gilets jaunes. C’était différent : principalement périurbain, le mouvement des gilets jaunes s’était organisé autour des ronds-points pour revendiquer leur juste place dans la démocratie française. Hier, on venait de partout. La mal-vie et le ras-le-bol s’exprimaient avec force dans un mélange de refus, de retrait et d’exigence. Les jeux politiques étaient vilipendés et le désespoir côtoyait la recherche d’une solution politique.

Hier, il y avait aussi beaucoup de jeunes. Il y avait du monde dans les manifs, et notamment en région. Il avait des syndicalistes et des gilets jaunes. Il y avait des militants chevronnés et des primo-lutteurs. Une culture est en train de se construire qui agglomère le passé et invente le nouveau. Ça prend du temps, le temps qu’il faut. Mais ça vient. Prochaine étape le 18 septembre. Le 21ème siècle s’avance.

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