Austérité budgétaire XXL : le pouvoir de dire non (… suite et fin)

Le gouvernement envisage une cure d’austérité à hauteur de 40 milliards d’euros. Du petit Elon Musk, mais le style y est !
Le premier ministre François Bayrou et le ministre de l’économie Éric Lombard ont organisé mardi 15 avril une « grande conférence » sur les finances publiques. Objectif : doubler la mise austéritaire du budget 2025 pour le budget 2026 et réaliser au moins 40 milliards « d’économies » sur les dépenses publiques. Soit au moins 14 milliards sur les dépenses de l’État, 8 milliards sur les dépenses des collectivités locales et 18 milliards sur les dépenses de la Sécurité sociale. Plus policée et, semble-t-il, un peu moins ambitieux que la méthode DOGE de Trump et Musk, mais néanmoins déplorable. Il y a au moins cinq bonnes raisons de dire NON !
5. Faire autrement
Je me souviens que la bataille parlementaire menée ensemble par les députés du Nouveau Front populaire contre le budget de Michel Barnier, notamment sur le volet recettes, avait marqué des points dans l’opinion publique. Elle avait abouti au vote de la motion de censure sur la loi de financement de la Sécurité sociale. Cette bataille s’était appuyée sur le programme du NFP (voir notamment ici, là ou encore là).
La politique budgétaire ne doit pas avoir pour objectif unique la réduction du déficit et de la dette publique. Elle doit répondre aux besoins de justice sociale, de redressement industriel et productif, de réparation des services publics, de protection sociale pour tous et de bifurcation écologique. Le redressement progressif des comptes publics et sociaux doit être mené de façon compatible avec la réalisation de ces objectifs. C’est tout à fait possible en s’appuyant sur deux grandes séries d’actions : visant d’une part la justice fiscale et d’autre part les exonérations fiscales et les aides publiques distribuées sans contrepartie et inefficaces. Ce qui, par parenthèse, aurait même pour effet de diminuer la part des dépenses dans le PIB puisque ces aides et exonérations fiscales sont comptabilisées dans les dépenses.
Les députés du NFP avaient avancé 10 mesures prioritaires générant quelque 50 milliards d’euros de recettes annuelles. Soit plus que les 40 milliards d’euros d’économie sur les dépenses réclamées par Le gouvernement Bayrou. Il s’agissait notamment de taxer davantage les très hauts revenus, les plus fortunés et les très gros héritages, de réduire efficacement la fraude et l’évasion fiscale – notamment celle des firmes multinationales. Et, côté aides, de réduire prioritairement le Crédit d’impôt recherche et les allègements de cotisations sociales.
L’économiste Anne-Laure Delatte avait alors utilisé les modèles économiques des instituts de prévisions économiques. Conclusion : l’application du budget Barnier ferait diminuer la croissance de 0,8 point de PIB et générerait 130 000 suppressions d’emplois. On n’a pas le budget Barnier mais le budget Bayrou lui ressemble beaucoup et on a effectivement une croissance en berne, si ce n’est une récession.
Le budget du NFP aurait été plus efficace en termes d’activité d’emploi et de réduction des déficits. L’effet négatif sur la croissance de la hausse des impôts étant plus que compensé par l’effet positif des dépenses préservées, soutenues, et améliorées.
Tout cela reste totalement d’actualité.