LA LETTRE DU 18 SEPTEMBRE

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« Guerre aux institutions » : les macronistes parlent en connaissance de cause

Sept ans qu’ils maltraitent les institutions et, dorénavant, ils voudraient donner des leçons de respect du droit ?

La Macronie est en train de paniquer à l’idée de perdre le pouvoir – et ça se voit. Après Yaël Braun-Pivet qui dénonce un « détournement de la règle de droit » au sujet de la procédure de destitution d’Emmanuel Macron, voilà Gabriel Attal qui parle de « déclaration de guerre à nos institutions ». On décèlerait presque un petit syndrome de Stockholm vis-à-vis du chef de l’État.

Notre ex-Premier ministre fait montre d’un culot rare, lui qui, entre les législatives et la nomination de Michel Barnier, cumulait les postes de chef du gouvernement démissionnaire et de chef du groupe présidentiel à l’Assemblée. Il faut dire qu’en matière de guerre à nos institutions, la Macronie sait de quoi elle parle. Non pas qu’Emmanuel Macron soit un dictateur qui ne respecte pas la Constitution mais il n’a de cesse de sacrifier l’esprit de notre droit sur l’autel de la tactique la moins morale.

Sa plus grande fulgurance reste le passage en force de la réforme des retraites, pour lequel l’exécutif nous avait offert une belle visite guidée de la Constitution : 47.1, 44.2, 44.3, article 38 du règlement du Sénat et, pour finir à l’Assemblée, 49.31. Rien d’illégal, mais un usage des institutions absolument contraire à leur esprit. Le fameux 49.3 par exemple, usé et abusé par Élisabeth Borne : les macronistes auront sans arrêt rappelé que Michel Rocard était le champion de ce gadget institutionnel. Or, le socialiste ne l’utilisait que pour « mater » sa propre majorité, pas pour empêcher l’opposition de tenir son rôle.

La dissolution de l’Assemblée est le dernier artefact de cet autoritarisme institutionnel. Le risque d’une victoire de l’extrême n’avait jamais semblé aussi fort. Finalement, heureux comme Ulysse de mettre son veto à la gauche, Emmanuel Macron place le pays dans uns instabilité politique folle, le tout sous la surveillance de l’extrême droite. Même sa « majorité » commence à montrer son agacement quand à l’idée de voir les LR de retour aux affaires. Mais « le peuple souverain qui s’exprime doit toujours être pris en compte », ose le Président le 11 septembre dernier. Mépris et violence, les deux faces du macronisme.

Faire appel à un article de la Constitution pour demander la destitution du président de la République, comme le veulent les insoumis, ce serait faire « la guerre aux institutions » ? Même si, sur le papier, on voit mal comment la procédure pourrait aller jusqu’à son terme et recueillir un nombre suffisant de voix au Parlement, ce n’est ni à Emmanuel Macron, ni à Gabriel Attal, mais à la représentation nationale dans son entièreté de décider si oui ou non, la destitution du chef de l’État doit être engagée.

Loïc Le Clerc

GRAPH’ DU JOUR

Dépenses d’éducation : le graphique qui embrouille et celui qui clarifie

Les graphiques peuvent aider à mieux comprendre,mais peuvent aussi fausser le regard. Exemple sur l’Éducation avec, le même jour, le graphique d’un professeur d’économie qui embrouille et celui de l’OCDE qui pointe beaucoup plus juste.

Le graphique ci-dessus, facile à comprendre, montre que la France a des dépenses publiques pour l’enseignement secondaire supérieures à la plupart des autres pays européens. Elle dépasse notamment l’Allemagne de plus d’un tiers. Or, selon les tests PISA, le niveau moyen des élèves en France est inférieur à celui des élèves de pays qui dépensent moins. La leçon à en tirer parait évidente. On devrait faire mieux sans dépenser plus, voire même en dépensant moins. Are you sure ?

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B.M.

ON VOUS RECOMMANDE

Le débat de ce matin sur France Inter : « Immigration : vers un durcissement en France et en Europe ? ». Avec Didier Leschi, directeur général de l’OFII (Office français de l’immigration et de l’intégration), et François Héran, professeur au Collège de France. Une discussion de qualité.

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#destitution

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  1. L’article 47.1 de la Constitution permet de réduire les débat à l’Assemblée nationale ; le 44.2 bloque les amendements ; le 44.3 organise un vote bloqué ; l’article 38 du règlement du Sénat permet de réduire les débats au Sénat. ↩︎

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