LA LETTRE DU 24 JUIN

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Que cherche Mélenchon ?

Le 12 juin, il ne « s’imposait pas » pour, dix jours plus tard, se dire « bien évidemment » capable d’être Premier ministre, ayant même la ferme « intention de gouverner ce pays ».

Alors qu’on le croyait raisonnablement en retrait, Jean-Luc Mélenchon a ravivé les inquiétudes d’une partie des électeurs du Nouveau Front Populaire (NFP) en réaffirmant, samedi soir sur France 5, sa volonté de devenir Premier ministre. Les dirigeants du NFP ont déjà dit et répété qu’ils ne le souhaitent pas. Alors, pourquoi fait-il cela ?

En vérité les choses sont très simples. Le président de la République nomme le Premier ministre qui conduit la politique du gouvernement. Ça, c’est la constitution. Il le nomme dans son camp s’il a la majorité ou parmi le groupe majoritaire, s’il n’a pas cette majorité. Simple, basique.

Sachant qu’il était impossible de dégager une personnalité avant l’élection, les alliés du Nouveau Front Populaire ont convenu que celui qui aura le plus de députés fera une proposition qui devra recevoir l’assentiment majoritaire des députés du Nouveau Front Populaire.

L’avantage de la méthode retenue est :

  • qu’elle tient compte du fait, qu’avant tout, il y a une élection à gagner ;
  • qu’elle est respectueuse de la diversité du NFP ;
  • qu’elle apaise les tensions avant le premier tour. Un électeur qui ne supporte plus Mélenchon peut aller voter LFI ou NFP le cœur plus léger ;
  • qu’elle évite la sur personnalisation.

Donc pour quelle raison Jean-Luc Mélenchon remet-il sur la table le sujet de sa désignation comme premier ministre ?

Évidemment nul besoin d’affirmer sa compétence. Il l’a, ce n’est pas le sujet. Il n’est pas non plus irremplaçable : comme il l’a humoristiquement fait remarquer, LFI ne manque pas de talents bien supérieurs (sic !) à Léon Blum. Il cite Mathilde Panot, Manu Bompard et Clémence Guetté qui, du coup, se sont ridiculisés à devoir expliquer en quoi ils étaient supérieurs au leader socialiste de 1936. Et qui doivent désormais argumenter sur l’excellence de cette nouvelle idée. Passons.

On se perd en conjecture. Jean-Luc Mélenchon veut-il vraiment la victoire du Nouveau Front Populaire, quand bien même ni lui ni La France Insoumise ne sont hégémoniques ? Sûrement est-il convaincu d’être le garant d’une expérience qui ne se fourvoie pas dans les égarements du hollandisme, si responsable de la situation présente par ses effets en chaîne : déception, élection de Macron, montée du RN. Ses inquiétudes ne sont pas infondées. Mais dans ce moment si grave, cela vaut-il de tout jeter en l’air en multipliant les polémiques : une par jour en moyenne.

Il a l’a dit clairement à ses partenaires : il ne les aime pas. Et on peut même penser qu’il n’a aucune confiance en eux. Admettons. Cela s’est déjà produit dans l’histoire que des gens qui ne s’aiment pas s’allient pour sauver le pays voire pour gouverner. Les relations entre communistes et socialistes ont rarement été idylliques. Mais par deux fois au moins ils ont su surmonter leur rancœur, « les jeter à la rivière » face au danger du fascisme en 36 et devant l’espérance du peuple de gauche en 81. Là nous avons les deux. Mélenchon doit se ressaisir et cesser de mettre les bâtons dans les roues de ce combat décisif et difficile. On attend mieux.

P.S. : l’idée que cette désignation peut venir d’un rapport de force mené sur les réseaux sociaux comme le traduit la campagne #JeSoutiensMelenchon ou #MerciMelenchon lancée par les responsables de LFI révèle une culture qui ne va pas. La politique n’est pas que conflit, clivage, rapport de force. Surtout entre alliés.

Catherine Tricot

DROITE(S) DU JOUR

LR éclaté au sol

À moins d’une semaine du premier tour, l’incertitude demeure, sauf sur un point : Les Républicains ne savent plus où ils habitent. Selon Ipsos, près de la moitié de leurs électeurs déclarés disent qu’ils peuvent changer d’avis. Sur les alliances possibles, la mouvance LR se divise en trois blocs : les moins nombreux (30%) préféreraient une alliance avec la majorité, les plus nombreux (37%) avec le RN et le dernier tiers ne veut ni des uns ni des autres. Un avenir radieux, en somme…

R.M.

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  • La performance d’Aya Nakamura lors de l’ouverture du défilé Vogue World. Une beauté, rien de moins.

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5 commentaires

  1. Magnus le 24 juin 2024 à 15:17

    Oui oui on sait, Regards fait campagne contre LFI et NPA. Avec cnews, le pen, hollande et macron, regards fait ce que le journal peut pour encourager la participation et mobilisation de certains et décourager la participation et mobilisation d’autres.

    Ainsi Regards préfère marginaliser toute une couche de la société avec toutes les conséquences néfastes que cela peut avoir.

    Ainsi Regards n’aime pas la démocratie tant que ça.

    Ainsi je vote lutte ouvrière, contre le candidat ps qui se présente pour nfp là où je vote.

    Et contre l’extrême-droite pour le candidat le plus à gauche au 2e.

    A un moment il faut que le moment de vérité arrive !

  2. Jean pierre Dropsit le 24 juin 2024 à 16:02

    A quoi joue Melenchon !
    Sur le clip de campagne du nouveau front populaire on voit Soumya Bourouaha et Marie Georges buffet représentant le NVP !
    C’est bien mais en même temps la France insoumise met dans leurs pattes un militant Lfi !
    Quelle cohérence ?
    Pour rappel à Melenchon ! Heureusement Que le pcf et sa secrétaire nationale Marie Georges buffet avaient su partager intelligemment leur temps de parole notamment à un certain Melenchon lors du référendum !
    C’est à cause de tout ce sectarisme que le nouveau front populaire risque de perdre

    • Magnus le 24 juin 2024 à 16:07

      C’est normal qu’il y a le sectarisme partout, car le nfp manque en sincérité. L’investiture de Hollande étant la preuve ultime.

  3. cover le 24 juin 2024 à 21:13

    -investiture de Hollande,
    -investiture d’Aurélien Rousseau ancien ministre de la santé de Macron
    -en Ariège les députés sortants du PS ne veulent pas avoir l’étiquette NFP. l’un d’eux précise « Je ne siégerai jamais, ni de près, ni de loin avec LFI »
    Bref, c’est pas juste le problème Mélenchon, c’est toute LFI qui va se faire petit à petit ostraciser. Le PS hégémonique est de retour et est en très grande forme
    -proposition ,encore aujourd’hui de Berger comme premier ministre : mais n’importe quoi … Mettre comme premier ministre l’un des artisans de la plus grosse plantade du siècle, quel symbole !
    Bref la machine à créer de l’abstention tourne à plein régime.
    Il n’y a plus que la lecture régulière du dernier article « la pompe à phynance » de Lordon pour me convaincre d’aller voter pour ma candidate socialiste

  4. lecteur le 25 juin 2024 à 08:14

    Article 8 de la Constitution : « Le Président de la République nomme le Premier Ministre » Donc toutes ces querelles autour du nom du futur Premier Ministre si le NFP est en position favorable et de JLM sont vaines. En conséquence, on peut se demander à quoi jouent ceux qui les agitent, si ce n’est à conforter le RN.

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