LA LETTRE DU 27 JUIN

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Législatives : c’est officiel, la Macronie fera barrage à l’extrême droite la gauche 

Contrairement à la gauche qui a toujours répondu présente, maintenant que le « barrage républicain » est entre les mains de la droite et du centre, il s’effondre.

Que serait la France si le peuple de gauche ne s’était pas mobilisé à chaque fois que cela fut nécessaire ? En 2002, lorsqu’il eut fallu voter Chirac. En 2017 ou en 2022, lorsqu’il eut fallu choisir Macron. Ce même Macron qui scandait, au soir de sa réélection, que « nombre de nos compatriotes ont voté ce jour pour moi, non pour soutenir les idées que je porte, mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite. Et je veux ici les remercier, et leur dire que j’ai conscience que ce vote m’oblige pour les années à venir. »

La suite n’est que trahison. Et nous en atteignons son paroxysme dimanche. Suivant le vent des sondages Odoxa :

  • 47% des Français se disent prêts à faire barrage au Nouveau Front Populaire – 41% barrage au RN.
  • 71% des sympathisants Renaissance sont prêts à faire barrage au Nouveau Front Populaire – 65% barrage au RN.

Pour l’électorat du centre (pire encore pour celui de droite), la situation politique est très claire : plutôt Bardella que le Front populaire. Où sont passés ces macronistes qui suppliaient la gauche de voter pour eux quand ils affrontaient un candidat RN aux dernières législatives ? Ils creusent leurs tombes. Au mépris de l’Histoire.

Aussi assiste-t-on au défilé de ministres et députés en campagne sur les plateaux de télévision pour nous expliquer qu’ils « feron(t) barrage aux représentants de cette nouvelle Nupes […] qui seront un danger » (Prisca Thevenot, porte-parole du gouvernement), que « les candidats derrière Gabriel Attal sont les mieux placés pour faire barrage aux extrêmes à droite comme à gauche » (Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture) ou encore que « le meilleur rempart, notamment face au Front populaire, c’est pas le RN, c’est nous » (Aurore Bergé, ministre déléguée à la Lutte contre les discriminations). Au mieux trouve-t-on un Gabriel Attal incapable de dire qu’il fera barrage à l’extrême droite, trop occupé à parler « des » extrêmes et du « Front populaire ».

Désormais, les enfants de Dominique Strauss-Khan se retrouvent en contradiction avec leur mentor : l’ancien patron du FMI a signé une tribune arguant qu’il faut « tout faire pour éviter l’arrivée au pouvoir du RN… y compris voter LFI ». Mais c’est le chef de l’État en personne qui a tranché la question devant tous les ténors de son camp : en cas de duel RN-LFI, c’est « ni-ni ». En réalité, ce nouveau « ni-ni » ne met pas un signe égal entre l’extrême droite et « l’extrême gauche » (coucou Hollande !). Car il serait faux de penser qu’il s’agit ici seulement de La France insoumise. Emmanuel Macron a un plan et la victoire de la gauche n’en fait pas partie – rappelons que le Président a qualifié la création du Front populaire « d’indignité », porteur d’une « politique antisémite » et « immigrationniste ».

Le « ni-ni » est un suicide

Le « cordon sanitaire » de Chirac a été coupé en 2011 par ses héritiers. On parle désormais de « ni-ni ». Avec les résultats que l’on connaît : aux européennes de 2014, le Front national arrive en tête pour la première fois de son histoire. Et il la garde aux départementales et régionales de 2015, puis aux européennes de 2019, aux régionales de 2021 et dernièrement aux européennes de 2024. Parallèlement, la droite traditionnelle, celle que l’on dit « républicaine », passe de 20% aux européennes de 2014 à 7% en juin dernier. Le « ni-ni » de Sarkozy finira même par toucher les députés : ils étaient 320 sous son mandat, ils sont 62 depuis 2022. Cela saute aux yeux : seule échappe à l’extrême droite la victoire aux législatives et à la présidentielle.

Faisant fi de cette situation délétère, Marine Tondelier a jeté une bouteille à la mer. Dans une « lettre aux partis politiques du centre et de la droite », la patronne des Écologistes ses homologues de Renaissance, d’Horizons, de l’UDI et du MoDem pour qu’en cas de triangulaire aux seconds tours, le candidat en troisième position se désiste pour permettre de battre le RN.

Plus à droite, deux lignes s’affrontent : celle de Bellamy qui vote RN sans hésiter face à la gauche et celle de Larcher/Bayrou qui s’abstiennent. In fine, il ne reste qu’un seul homme pour rappeler l’essentiel de ce qui fait que le 7 juillet à 20h, la République sera toujours la République. Il ne s’agit pas de Manuel Valls, pas même de Bernard Cazeneuve, mais Dominique de Villepin. Mais dire non à l’extrême droite est devenu un positionnement de gauchiste. Pauvre France.

Loïc Le Clerc

COUP DU JOUR

La Bolivie résiste aux putschistes

L’image est forte. Luis Arce, le président bolivien, successeur d’Evo Morales, sort du palais présidentiel pour barrer la route aux militaires. Un coup d’État, un classique du genre, de ceux mené par des hommes en treillis. Le peuple bolivien a rapidement réagi, manifestant en masse dans les rues de La Paz pour réaffirmer son attachement à la démocratie. Les syndicats ont annoncé une grève générale. Il s’agit là d’une nouvelle tentative de coup d’État, après celle de 2019 qui avait vu la fasciste Jeanine Añez faire tomber Evo Morales. Le général putschiste a été arrêté. Pour l’heure, l’extrême droite ne passe pas en Bolivie.

L.L.C.

ON VOUS RECOMMANDE

  • Ce jeudi, sur France Inter, la députée sortante de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain a dénoncé une « ambiance de brutalité et de racisme » et est revenu sur le nécessaire sursaut pour empêcher l’extrême droite de prendre le pouvoir !
  • Jeudi soir à 18h place de la République, grande manifestation à Paris pour le Front populaire et contre l’extrême droite. Be there or be square !

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3 commentaires

  1. Magnus le 27 juin 2024 à 12:22

    Ah mais dis donc, regards n’arrête pas de découvrir des choses. Si ça continue comme ça, on va peut-être pouvoir se concentrer sur combattre l’extrême-droite d’ici le deuxième tour ?

    • lasbleiz le 28 juin 2024 à 12:09

      non, non, ils vont continuer à faire barrage à Mélenchon, pour ensuite lui attribuer leur échec et partir pour au moins un an de ouin-ouin, qui leur donnera la bonne conscience d’être du bon côté, à gauche du RN, puisqu’ être à gauche de l’extrême droite sera bientôt la définition de la gauche, tout comme aux USA ou en Angleterre, avec les succès que l’on sait.

  2. carlos_H le 27 juin 2024 à 14:02

    Dominique De Villepin c’est un peu Hibernatus qui se réveille d’un long sommeil et qui découvre qu’il est passé de « gaulliste » à « islamo-gauchiste »…

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